Librement inspiré du film La Nuit du chasseur de Charles Laughton, Guilaume Barbot plonge le spectateur dans un conte nocturne où le monde des enfants et le celui des adultes signent un pacte vertigineux. Théâtre immersif, visuel et musical, tel un cauchemra éblouissant, voici de retour une des premières créations de la compagnie Coup de Poker qui avait remporté le prix des lycéens au Festival Impatience 2015.
Juste avant d’être arrêté par la police et condamné à la potence, Ben Harper confie à son très jeune fils, John, le butin de son braquage. Caché dans le ventre de la poupée de la petite sœur, Pearl, la somme d’argent va susciter la convoitise d’un compagnon de cellule, le révérend Harry Powell, alias Le Prêcheur. Sitôt libéré, ce dernier va rechercher la petite famille, épouser la veuve Harper et tenter de mettre la main sur cet argent que John et Pearl gardent à l’insu de tout le monde.
Le film réalisé en 1955, avec dans le rôle principal Robert Mitchum, fut le seul film de l’acteur anglais Charles Laughton. Il est aujourd’hui considéré comme un chef d’oeuvre d’une noirceur rarement égalée.
« Children… ? » Vous rappelez-vous de la voix du prêcheur dans La Nuit du chasseur, de la présence inquiétante de Robert Mitchum et de sa traque infernale ? Vous souvenez-vous du tatouage sur ses mains ? Love et Hate y sont inscrits en lettres capitales. Point de départ de cette création, La Nuit du chasseur est revue à travers les souvenirs déformés de Guillaume Barbot et de la Compagnie Coup de Poker (à venir : On a fort mal dormi, projet d’adaptation des Naufragés de Patrick Declerck, Histoire d’un punk converti à Trenet, Avignon Off 2015).
Mémoire lointaine du polar de Davis Grubb. Sensations, échos et peurs nés du film énigmatique de Charles Laughton (1955)... Marqué par cet inouï conte nocturne, Guillaume Barbot en revisite les thèmes essentiels : l’argent comme première religion, l’injustice du monde des adultes, le parcours initiatique des enfants pour échapper à la figure paradoxale du chasseur-prêcheur, le renversement absolu des valeurs communes… Pour évoquer cette vertigineuse course poursuite, Nuit (comme Club 27, création 2012 à la Maison des Métallos) explore la mémoire collective.
La compagnie propose un théâtre brut où acteurs et spectateurs sont ensemble dans le même espace, la même sensation. Une immersion totale dans un long cauchemar percutant.
30, rue du Chevaleret 75013 Paris