Par les montagnes fait l’état des lieux de la vie en Champsaur, une vallée des Hautes-Alpes. À mille mètres d’altitude, certains modes de vie sont en voie de disparition. Ceux qui habitent là, enfants, adultes, vieux témoignent. Le ciment de ces trois générations, c’est la Nature et ici la Nature, c’est la montagne… Rondeurs de vallons, vertige des falaises, cascades, pentes enneigées, fureur d’un printemps éclaboussé de vert. La montagne émet de telles forces qu’elle influe sur les comportements des humains : fatigue, sommeil, poids et renouvellement de la matière.
Depuis toujours, habités par des visions, nous avons conçu le film dans cette optique. Visions intérieures mais aussi contemplation - tout cela tient du rêve ou du souvenir, ce qui revient à peu près au même.
Après un hiver où nous avons traversé l’Afrique de l’Ouest pour projeter des films dans des villages les plus reculés, nous décidons de ne pas laisser notre regard -transformé par cette expérience- sans lendemain.
Notre regard mâtiné d’animisme sur la vallée où nous vivons : nous rêvons la vallée du Champsaur. Rêver par la captation d’images sensibles, par les sons, puis par les rapprochements d’images donc le montage.
Le film part de la matière vallée du Champsaur (Hautes-Alpes 05) et en crée une légende. On traque la magie en filmant la matière, qui plus réelle que le réel tel qu’on l’entend, redonne à la Nature, ses atours légendaires.
Les lieux de tournage sont des hameaux, des lieux-dits, des rondeurs de vallons, des falaises, des gouffres, des ruisseaux et cela en toutes les saisons de l’année. C’est la rousseur de l’automne mais dans cette vallée, c’est aussi la blancheur de la neige, l’eau qui coule sous la glace, mais aussi la Nature en fureur au printemps, ces éclaboussures de vert et aussi, les orages de fin de journée en été, la touffeur. Ce sont des noms : La Pierre, Le Marais, Le Villard, Beaurepaire et des sources.
Il y a aussi les peaux et leurs songes : les écoliers des Costes qui s’endorment sur les tables, le vieux devant sa maison avec son chien, les corps qui tombent de fatigue dans le lits douillets. La fatigue de ce trop plein de vie à l’état brut, la vie qui tape, la chair brute sans maniérisme urbain.
Lise Bellynck et Frédéric Aspisi
16, rue Georgette Agutte 75018 Paris