Dans son appartement, un individu nommé Serge reçoit tous les dimanches des amis auxquels il présente une performance d’une à trois minutes. À mi‑chemin entre pratique amateur et art minimaliste et quasi expérimental, ces micro‑spectacles présentés dans le décor de son appartement déploient une poésie de l’ordinaire, célébrant l’inventivité simple et la joie calme du partage d’une passion. Semaine après semaine, Serge expérimente avec une douce mélancolie des dessins lumineux au laser, teste l’effet d’une musique contemporaine, révèle la puissance onirique des phares d’une voiture. La moquette violette de son salon, la table de ping‑pong, la télé placée dans un coin, les paquets de chips entamés et tous les petits objets éparpillés dans la pièce forment désormais le paysage familier et exceptionnel d’un quotidien qui se façonne dans le temps court, dense et compact de ces effets drôlement spectaculaires.
L’Effet de Serge, ouvert à des invités différents chaque soir (les amis de Serge), se déploie comme une forme à la fois régulée et spontanée, plaque sensible sur laquelle s’impriment les imprévus. À travers cette pièce, c’est tout le travail de Philippe Quesne et de Vivarium Studio qui se donne à voir, porté par l’utopie d’une petite communauté. Conçu pour le comédien Gaëtan Vourc’h en 2007, L’Effet de Serge est maintenant repris une fois par mois à Nanterre‑Amandiers, devenant ainsi une pièce de répertoire, présentée avec la même régularité que le rituel dominical de Serge.
Marion Siéfert
12, rue Léchevin 75011 Paris