Au delà du drame intime et amoureux, se joue ici l’un des grands problèmes du XXème siècle. Hamlet était le drame de l’inaction, Pierre est celui d’un trop grand vouloir. Il est mu par ce que Badiou dans son livre Le Siècle appelle « la passion du réel ». Cette passion est une violente traversée, qui conduit Pierre à passer de l’autre côté, à transpercer les mannequins de cartons pour faire l’expérience du réel, fut-elle une expérience de l’horreur : « Noir chevalier à la visière baissée qui m’a affronté en me raillant, je veux transpercer ton heaume et voir ta face, fût-elle celle d’une Gorgone ! ».
Pierre est à l’image des grandes révolutions du XXème siècle. Il est ce héros agissant qui cherche à casser en deux l’Histoire du monde. À l’instar de ce que fut Hamlet pour le XIXème, Pierre ou les Ambiguïtés pourrait être le mythe fondateur de notre modernité.
D'après Pierre ou les Ambiguïtés et L'escroc à la confiance, respectivement dans la traduction de Pierre Leyris et Philippe Jaworski, Editions Gallimard.
Adaptation de Eve Gollac et Olivier Coulon-Jablonka.
Mme Glendinning : Eh ! Bien, Pierre, quel est ce mystère ?
Pierre : Mon dieu, mère, vous l’avez donc vue, vous aussi ?
Mme Glendinning : Mon fils ! Au nom du ciel qu’avez-vous ? Je vous demandais en plaisantant à quoi vous pensiez si intensément, et vous me répondez par la question la plus étrange, d’une voix qui semble sortie de la tombe de votre arrière grand-père ! Allons, je déteste les mystères. Parlez, Pierre.
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