La représentation sur scène de la vie des saints, confrontée à l’exacerbation des passions inhérente au théâtre tragique, est alors vue d’un oeil méfiant par le public dévot. Si Polyeucte apporte un nouveau succès à la carrière d’un Corneille à son apogée, l’attitude exaltée d’un héros énigmatique continue de nous interroger.
Sujet exceptionnel dans le théâtre classique qui lui préfère la mythologie ou l’Histoire ancienne, le genre de la tragédie classique à sujet religieux est illustré notamment par Corneille avec Polyeucte en 1642-1643 et Théodore en 1646. La représentation sur scène de la vie des saints, confrontée à l’exacerbation des passions inhérente au théâtre tragique, est alors vue d’un oeil méfiant par le public dévot. Si Polyeucte apporte un nouveau succès à la carrière d’un Corneille à son apogée, l’attitude exaltée d’un héros énigmatique continue de nous interroger.
En Arménie, au IIIème siècle de notre ère, le gouverneur romain Félix a donné sa fille Pauline en mariage au seigneur arménien Polyeucte. Autrefois, à Rome, Pauline aimait et était aimée de Sévère, mais elle a obéi à son père, et l’on croit alors Sévère mort au combat. Peu après son mariage avec Polyeucte, Pauline a vu en rêve le retour de Sévère et l’assassinat de son époux. Polyeucte se convertit au christianisme, tandis que Félix doit persécuter dans sa province les chrétiens, inquiétés dans tout l’Empire Romain. Sévère n’était pas mort, il se présente en espérant retrouver Pauline dont il ignore le mariage récent. Au temple, Polyeucte tout juste baptisé profane les idoles. Malgré les pleurs de Pauline, les menaces de Félix et l’intercession de Sévère, Polyeucte persiste à revendiquer son acte. Mais son martyre ne restera pas sans conséquences...
« Une version épurée et élégante mise en scène par Rafaële Minnaert (…) Forts d’une impeccable diction, les comédiens maîtrisent les stances (…) Conçus par Philippe Parent, qui signe aussi la scénographie et les lumières, les costumes sont absolument superbes. » La Terrasse
« Moment de pur théâtre où le texte est magistralement servi par une sobriété et des comédiens abandonnés (…) Les alexandrins volent, claquent, font frissonner. Magie de la langue quand celle-ci est si bien travaillée (…) L’histoire est antique ; le texte, si anachronique. Et pourtant, joué par des comédiens qui s’y sont abandonnés, il nous est tout proche. » Paris Notre Dame
« On est bercé par le rythme des alexandrins, on est saisi, emporté par la langue de Corneille (…) Quant à la mise en scène de Rafaële Minnaert, elle met parfaitement la tragédie en valeur. Sobre, respectueuse, efficace (…) Les comédiens, dans le même esprit, sont au service du texte et non pas d’eux-mêmes. Un spectacle rare à voir en famille. » Famille Chrétienne
« Un enchantement plus tard, à la tombée du rideau, j’étais debout pour une standing ovation avec le public. Qui applaudissait-on ainsi ? Le texte ciselé et puissant ? Les costumes strictement parfaits ? La rigoureuse mise en scène accordée au décor ? Ou bien l’excellence des acteurs ? Tous ensemble, ils venaient d’affirmer ce qui fait l’émotion du théâtre, qu’il lui faut s’accroître d’une vie étrangère, la leur, entièrement. Il venaient de nous communiquer ce mélange d’étincelle et de tremblement propre à la poésie. Ils avaient atteints le propos de Corneille – enlever nos âmes. » Christiane Rancé, La Croix
On ne peut aborder Polyeucte, tragédie à sujet chrétien de Pierre Corneille, sans se demander si la pièce peut encore nous parler aujourd’hui, si elle ne serait pas intimidante, voire déroutante pour le public de notre temps. Ou est-ce qu’elle pourrait représenter l’humanité espérée ?
La tragédie de Corneille ne nous dit pourtant pas autre chose que : l’amour peut tout. Si elle est la tragédie de la grâce, elle est aussi celle de la volonté libre. Pauline, cet être qui privilégie son devoir et sa vertu, peut nous surprendre tant elle est absolue, tant elle bouscule nos moeurs contemporaines. C’est son courage et sa franchise qui emportent notre adhésion, ainsi que la liberté totale avec laquelle elle consent au sacrifice. Pauline et Stratonice défendent vigoureusement les femmes dans une société d’hommes (I, 3). Sévère quant à lui a le courage de défendre la liberté de culte (« J’approuve cependant que chacun ait ses dieux, / Qu’il les serve à sa mode », V, 6). Toujours amoureux de Pauline, il va se faire protecteur des chrétiens, au péril de sa vie. La grandeur, à première vue écrasante, des héros de Polyeucte, en fait à mon sens des personnages inspirants pour notre temps.
Quant à Polyeucte, ce héros qui vandalise le temple, est-il respectable ? Son geste nous est incompréhensible et sa conversion récente ne justifie pas un tel acte. Ce n’est apparemment pas de lui-même qu’il va briser les idoles, il semble suivre une parole qu’il a entendue : « Où pensez-vous aller ? », lui demande Néarque, « Au temple où l’ON m’appelle » (II, 6). A-t-il pris à la lettre un enseignement qu’il suit avec l’enthousiasme du nouveau converti ? Exalté au sortir du baptême, sûr de lui et de son rang, entre deux mondes, Polyeucte sacrifie tout à son idéal. Il ne conçoit l’amour terrestre que dans la forme la plus haute : l’amour de Dieu. Son geste restera pour nous une énigme que chaque spectateur interprètera à sa façon.
Pour incarner cette tragédie hors-norme, une mise en scène épurée s’est imposée, laissant toute sa place à la force du texte. J’ai choisi des artistes à la maturité indispensable, qui avaient le coeur prêt, – chacun comme unique –, à la personnalité sonore affirmée, et qui, ensemble, résonneront en syntonie.
Quelle pièce magnifique portée par une troupe de comédiens passionnés. Aloysia Delahaut est une Pauline absolument bouleversante mais tous nous plongent dans une pièce passionnante. le temps s'ennvole, c'était juste magnifique.
Très belle pièce jouée avec un grand respect du texte, des alexandrins, de la noblesses des personnages. Bravo à toute la troupe, au metteur en scène et à tous eux qui ont permis ce spectacle ! Une grande réussite ! Courez-y !
La piece de Corneille surprend par son intrigue et par l'actualité de son propos. De tres bons comediens (une mention particuliere pour Aloysia Delahaut), et une mise en scène qui laisse le texte s'exprimer. Seule petite reserve : je n'ai pas apprécié les costumes.
Superbe performance. Les comédiens maîtrisent la diction du texte incomparable de Corneille. Bravo à tous.
Pour 5 Notes
Quelle pièce magnifique portée par une troupe de comédiens passionnés. Aloysia Delahaut est une Pauline absolument bouleversante mais tous nous plongent dans une pièce passionnante. le temps s'ennvole, c'était juste magnifique.
Très belle pièce jouée avec un grand respect du texte, des alexandrins, de la noblesses des personnages. Bravo à toute la troupe, au metteur en scène et à tous eux qui ont permis ce spectacle ! Une grande réussite ! Courez-y !
La piece de Corneille surprend par son intrigue et par l'actualité de son propos. De tres bons comediens (une mention particuliere pour Aloysia Delahaut), et une mise en scène qui laisse le texte s'exprimer. Seule petite reserve : je n'ai pas apprécié les costumes.
Superbe performance. Les comédiens maîtrisent la diction du texte incomparable de Corneille. Bravo à tous.
A voir absolument
4, rue du Havre 75009 Paris