Roumanie, de nos jours. Une équipe de tournage arrive dans un territoire désolé pour un reportage sur les phénomènes paranormaux qui ont traversé l’Histoire du pays. À la surprise de tous, seules de vieilles femmes en deuil hantent ces ruines industrielles. Que s’est-il donc passé avant qu’existe cette usine maintenant détruite ? Il faut remonter en 1953 : alors que tout un village s’active à préparer des noces, tombe l’annonce de la mort de Staline. Une semaine de deuil national interdit toute célébration. Comment sauver la fête et se marier quand même ?
« Tirée d’un fait divers, l’intrigue impose l’ingéniosité populaire comme une forme universelle de résistance à toutes les oppressions. C’est tout le sens du spectacle Que la noce commence. Ces villageois roumains récalcitrants à l’ordre nouveau de la Russie soviétique sont par nature des résistants ; ils le sont de manière insouciante et frondeuse comme des gamins toujours prêts au chahut. Leur humour et leur insolence sont des armes face à la brutalité omniprésente et invisible de l’occupant. Mais pour échapper à l’oppression et en contourner la dure réalité, il leur faut encore faire appel à leur imaginaire en créant une fiction qui leur permette d’être fidèles à eux-mêmes.
Que la noce commence, malgré son dénouement tragique, est une comédie. Les personnages nous séduisent par leur truculence, leur drôlerie, leur force d’invention, nous en sommes solidaires. Avec eux, nous rions de l’absurde tentative de domestiquer les forces de la nature en éduquant les cancres de l’Histoire, nous admirons leur imagination, nous pleurons leur prévisible défaite.
Au coeur de la comédie politique se cache en outre un sens profond qui m’incite à faire de ce projet le signe de ma démarche artistique depuis le Théâtre de l’Aquarium jusqu’à celui de La Commune d’Aubervilliers. Que la noce commence est aussi un hommage au théâtre. Comme ces acteurs italiens dont on dit qu’ils ont inventé mime et pantomime pour contourner les contraintes d’une censure de plus en plus rigoureuse et continuer à parler quand même sur le tréteau des places publiques, les villageois roumains, réduits au silence par l’oppresseur, réinventent un vocabulaire gestuel pour parler leur noce ; résistants et poètes, ils sont le théâtre populaire, tour à tour tonitruant, farceur, silencieux et inventif : vainqueur par imagination, vaincu par la bêtise.
Comédiens et gens du peuple sont ces gens de peu, infiniment petits et fragiles, infiniment grands et forts, de cette force inattendue toujours réinventée et imprévisible que craignent tant les puissants parce qu’elle est le germe de la révolte. » Didier Bezace
D’après le film « Au diable Staline, vive les mariés ! » de Horatiu Malaele.
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