Sur le campus universitaire de la Nouvelle Carthage, un samedi soir. Les enseignants et leurs épouses sont invités comme chaque semaine chez le président de l’Université, lepère de Martha, pour y faire la connaissance des nouveaux venus. Quand Martha et son mari George rentrent chez eux à deux heures du matin, ils sont saouls et épuisés, mais Martha annonce à George qu’ils ont des invités, un jeune enseignant et sa femme nouveaux sur le campus.
Lorsque Nick et Honey arrivent, ils sont entraînés dans des jeux et des règlements decompte, dont ils ne se contentent pas d’être les arbitres, mais des joueurs à part entière, malgré eux, sans connaître les règles complexes et mouvantes fixées par George et Martha.
C’est le début d’une guerre des mots où tout est permis.
Avec Qui a peur Virginia Woolf ? d’Edward Albee, Dominique Pitoiset commence l’exploration d’un nouveau continent : celui des grands auteurs américains du XXe siècle. Avant Arthur Miller, Tennessee William et Truman Capote, c’est le grand classique contemporain d’Albee, dans une nouvelle traduction de Daniel Loayza, qui a été créé au mois de mars 2009 sur le grand plateau du TnBA.
Quatre personnages y partagent la scène, deux couples de deux générations différentes. Au cours d’une longue nuit, sur le campus universitaire d’une petite ville de la Nouvelle Angleterre, ils se livrent un combat cru, dur, sansfaux-semblants, qui nous interroge sur nos choix de vie et de société, sur nos peurs, sur notre capacité à construire un monde où le désordre, la folie et l’art auraient leur place.
Sur le campus universitaire de la Nouvelle Carthage, un samedi soir. Les enseignants et leurs épouses sont invités comme chaque semaine chez le président de l’Université, le père de Martha, pour y faire la connaissance des nouveaux venus. Quand Martha et son mari George rentrent chez eux à deux heures du matin, ils sont saouls et épuisés, mais Martha annonce à George qu’ils ont des invités, un jeune enseignant et sa femme, nouveaux sur le campus. Lorsque Nick et Honey arrivent, ils sont entraînés dans des jeux et des règlements de compte, dont ils ne se contentent pas d’être les arbitres, mais des joueurs à part entière, malgré eux, sans connaître les règles complexes et mouvantes fixées par George et Martha.
La guerre ? Oui, on dirait la guerre, celle qui n’en finit pas de revenir, sous toutes ses formes : guerre des sexes, des générations, des clans, des savoirs ; guerre aussi entre soi et soimême. Une guerre aux mille facettes, ou mille lignes de front qui s’enchevêtrent, mille stratégies mouvantes, mille et uneruses tactiques qui ne cessent de transformer l’aspect du terrain. Une question d’humanité. À chacun de s’y reconnaître comme il pourra, d’être sensible à tel ou tel enjeu. L’essentiel, c’est que cette guerre soit ressentie comme étant la nôtre, et donc comme actuelle, encore et toujours. (…)
Comment faire, donc, pour que le public d’aujourd’hui accède à la profonde actualité de l’oeuvre ? En jouant le texte dans un décor qui se fasse oublier – lumière nocturne, grand canapé, bouteilles – et en le jouant dans tout son tranchant, dans une traduction nouvelle, scrupuleusement fidèle, de sa version la plus récente. À titre personnel, et peut-être parce que je vais me charger de ce rôle-là, je suis particulièrement sensible à la lutte qui oppose George, l’homme des lettres et du « passé » (qui se rêve plus ou moins consciemment en père de son jeune hôte), à Nick, l’homme des sciences et de l’« avenir » (qui tient fugacement lieu de fils imaginaire de son aîné). C’est-à-dire au conflit entre ceux qui n’ont pas su ou voulu se mesurer au pouvoir et ceux qui trouvent tout naturel d’être ambitieux et de réussir à tout prix. Car il me semble que cette bataille-là fait rage aujourd’hui. Mais les autres ne sont pas moins importantes.
Et si je parvenais à faire éprouver, l’espèce de paix désespérée qui demeure, par-delà le fracas de toutes les armes, comme l’ultime secret unissant George et Martha – si je parvenais à faire entendre comment ils parviennent à se tendre la main et à se toucher à travers toutes les ruines, j’aurais vraiment atteint mon but.
Dominique Pitoiset, 28 décembre 2008
Traduction Daniel Loayza, dramaturgie Mariette Navarro.
49 avenue Georges Clémenceau 92330 Sceaux