En italien surtitré en français.
« Si j’arrêtais d’écrire, je devrais revenir à moi-même. »
Réalité brute ? Téléréalité sans show, sans public ? Une existence cataloguée dans le moindre détail, dans son unicité, dans sa banalité.
Pendant plus de cinquante ans, Janina Turek, habitante de Cracovie, a recensé minutieusement “les données” de sa vie. Elle a tout noté : combien de coups de téléphone elle avait reçu et de qui (38 196) ; à combien de personnes elle avait dit bonjour en les croisant (23 397) ; combien de rendez-vous elle avait pris (1 922) ; combien de cadeaux elle avait offerts, à qui et lesquels (5 817) ; combien de parties de dominos elle avait fait (19) ; combien de fois elle était allée au théâtre (110) ; combien d’émissions de télévision elle avait vues (70 042). En tout, 748 carnets retrouvés à sa mort en 2000 par sa fille stupéfaite – ainsi que l’a raconté, entre reportage et parabole, l’écrivain polonais Mariusz Szczygieł.
Daria Deflorian et Antonio Tagliarini ne cherchent pas à mettre en scène cette vie ou à la reconstituer, mais à dialoguer avec ce que Janina nous a fait savoir et avec ce que nous ignorons d’elle. Leur spectacle crée une série de courts-circuits entre la scène et la matière de cette vie, entre les acteurs et les spectateurs autour de cette matière : il s’agit encore une fois d’investiguer par le jeu, par la scène, par la mise en commun avec le public, la perception de ce que nous appelons réalité.
« Quels abîmes y a-t-il au fond de cette envie compulsive de se faire la comptable de sa propre vie ? La démarche de Janina Turek évoque les notations de Georges Perec et les travaux ludiques de Sophie Calle, elle se rapproche de nombre d’œuvres de l’art brut. Mais Janina n’a vraisemblablement jamais osé se parler d’art, et c’est ce qui touche tant dans son personnage (...) Et c’est sans doute ce qui a touché Daria Deflorian et Antonio Tagliarini, qui s’emparent de cette histoire avec une fraîcheur, une délicatesse, une manière de jouer avec le théâtre évoquant le travail du tgSTAN. » Fabienne Darge, Le Monde, 2 octobre 2015
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