Deux hommes dans un salon de coiffure. L’un doit raconter. L’autre, écouter. Celui qui raconte, aime raconter. Celui qui écoute est le barbier. Seulement, et ce jour-là seulement, celui qui raconte ne sait pas par où commencer. Ce qu’il a à raconter est grave. Il s’agit de débâcle et de mort. De chaos et de destruction. Et celui qui aurait dû écouter se met à parler. À dire ce qu’il imagine. À inventer un langage, lui qui ne parlait jamais.
Il a vécu, ce barbier. Le chaos, il l’a connu dans le passé. De muet, il devient bavard. Et celui qui devait parler est muet désormais. Lui qui n’avait jamais vécu se met à écouter et à découvrir les nombreuses possibilités de l’âme humaine. Face au miroir.
Tout cela est possible, car ils sont regardés. Par eux-mêmes, dans ce miroir. Par d’autres, sûrement. La nouvelle qu’ils détiennent, maintenant, conjointement, personne ne la connaît. Personne dans le reste de la ville ne sait ce qu’ils savent. La ville est encore calme. Le chaos va bientôt arriver.
Révélations est un concentré de Tragédie. Tragédie antique, Tragédie classique, Tragédie d’aujourd’hui. Tragédie car c’est une page insoupçonnée de l’Histoire de l’Humanité que ce barbier et son client jouent devant nous.
Guillaume Dujardin
D'après The Dying of today de Howard Barker, texte français d'Isabelle Famchon.
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