Dans la Russie des soviets : Shakespeare, c’est gai, c’est beau, ça parle d’amour… Mais le camarade Généralissime Staline est droit de se demander si le personnage de Richard III, sans bosse, sans épée et sans cape de pacotille n’aurait pas échappé à la vigilance révolutionnaire du grand metteur en scène Vzevolod Meyerhold.
Le théâtre de Visniec, qui apporte un témoignage éminemment sensible de la comédie humaine dans ce qu’elle a de plus tourmentée et de plus sublime, réunit les deux plus importants sujets dans l’histoire du théâtre, l’amour et la lutte pour la liberté. C’est la dernière nuit du grand metteur en scène Meyerhold dans les geôles staliniennes. Rêve-t-il éveillé ou bien son cauchemar est-il en prise réelle avec l’atroce déception des idéaux trahis ?
Richard III n’aura pas lieu parle de l’amertume et du désespoir de l’artiste empêché de s’exprimer dans les régimes totalitaires. Mais Matéi Visniec choisit l’humour, le grotesque et le « spectaculairement délirant » pour dénoncer cette solitude fracassée sur l’autel de la barbarie. Car on rit. On rit même beaucoup. On chante, on danse, on baffre, on accouche ; finalement on fait du théâtre jusqu’à la fin… jusqu’à cette terrible fin.