Richard le bossu, ivre de pouvoir, hante par ses crimes, depuis près de 500 ans, les scènes de théâtre. Sylvain Maurice s’empare de la pièce avec le désir de dépasser l’image traditionnelle d’un Richard symbole du mal absolu dans une mise en scène qu’il veut inventive, alerte et joyeuse.
Il y a très longtemps que je souhaite mettre en scène Richard III et aujourd’hui, je pense avoir réuni, autour de Jean-Baptiste Verquin, l’équipe qui va me permettre de le faire. Une équipe resserrée, dix acteurs pas plus - ce qui implique de couper quelques personnages secondaires pour donner une version condensée.
On peut raconter Richard III de plusieurs façons. D’abord comme l’histoire d’un des personnages les plus fascinants du théâtre mondial, comme une « pièce-portrait ». C’est aussi une saga familiale. C’est également la pièce de Shakespeare qui raconte le dernier épisode de la guerre des Deux Roses entre les York et les Lancastre : on y voit un clan se déchirer dans d’absurdes querelles politiques où les êtres sont traversés par leurs désirs et par leurs pulsions jusqu’à leur propre anéantissement.
On peut entendre Richard III comme une tragédie qui entremêle le destin de Richard et l’Histoire qui - tel un grand mécanisme - broie les volontés et les êtres. Mais on peut dire aussi que c’est un jeu de massacre, où la férocité le dispute à la drôlerie : on rit beaucoup dans Richard III… La méchanceté est un des fondements de la pièce. Je rêve d’un Richard III (le personnage comme la pièce) brillant, léger, protéiforme. En offrant de multiples visages, Richard nous fascine. La détresse du petit enfant, qui pour réparer des blessures terribles s’est construit un personnage de monstre, sans amour ni attache, surgit béante.
« Je suis unique » : ce projet tient Richard debout, mais il se révélera comme une impasse terrible, avec pour seule issue la mort.
Sylvain Maurice
Place Jacques Brel 78505 Sartrouville