Franco : ... Aujourdhui est un de ces jours où lon se sent comme dans un bateau ou dans un avion, flottant entre deux éléments, en marge de tout... Ou comme au théâtre. Ou comme dans un rêve. Aujourdhui nous sommes bizarres, nous navons même pas envie de nous aimer. Il doit y avoir une raison à cela. Un anniversaire inconnu, un trou noir dans le calendrier. Va donc savoir.
Julio Cortázar le grand écrivain argentin qui passa tant dannées dexil en France où il fut dailleurs naturalisé en 1981, aimait la symbolique des jeux. Son roman le plus célèbre Marelle proposait au lecteur plusieurs parcours. Rien pour Pehuajo, une des deux seules pièces quil ait écrites, fait sentrechoquer le rituel impeccable du jeu déchec et le chaos que provoque la transgression des règles. Un restaurant chic devient léchiquier où se jouent la vie et la mort. Une salle de restaurant chic donc, avec ses clients fidèles et leurs manies, les touristes, les clients dun jour, les serveurs, le maître dhôtel. Au centre de tous les regards, le Juge qui vient là tous les jours, sauf les jours où on exécute un de "ses" condamnés. Et tout se dérègle parce que justement on lui annonce lexécution dun homme quil a jugé. Le jeu saffole, les masques tombent, les pions sur léchiquier se révoltent. Tout peut arriver à chaque instant comme dans cette Argentine de Perón que Cortázar a fui.
On a défini le style Cortázar comme un "réalisme magique", ce quotidien qui se laisse envahir par le fantastique. Cortázar aimait le Paris de la nuit, du métro, des galeries couvertes, les heures et les lieux que limaginaire transforme et qui font surgir la vérité mieux que la lumière.
Jean Boillot, après nous avoir offert les plaisirs du Décaméron nous entraîne dans cette ronde folle qui tourne jusquau délire.
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