Madame Rimbaud trafique la réalité comme on trafique les comptes. Son fils, lui, hormis les armes, préférait trafiquer dans l’inconnu. Dès 14 ans.
Dès 14 ans.
Une femme au terme de sa vie prépare son tombeau et remet de l’ordre dans ses morts. Cette femme, c’est la mère d’Arthur Rimbaud. Dans ce geste ultime et consolateur, elle se réapproprie son fils. Ce ré-enfantement du fils qui reposera près d’elle pour l’éternité, lui permet d’évacuer une fois pour toute les références à sa vie de poète et d’éternel errant.
Près d’elle, fantôme ou génie invisible pour sa mère, Arthur est là, et c’est lui qui va mener la danse. Il énonce l’Adieu, d’Une saison en enfer, souvenir de leur dernier affrontement au sujet de la poésie : « J’ai voulu dire ce que ça dit, littéralement et dans tous les sens ».
S’établit alors une sorte de récit à deux voix, un dialogue mêlant lettres entières et bribes de narration, une mise à nu des tensions et des frustrations affectives à l’œuvre de part et d’autre.
Histoire d’un malentendu, d’un tourment sans « rimes » ni raison, d’une affection partagée mais muette qui exacerbent les attentes et les frustrations. Tout cela la mère voudrait l’effacer dans une formule rassurante avant sa dernière heure. Mais Rimbaud n’appartient à personne et se dérobe dès qu’on veut le contraindre.
Le texte du spectacle est établi à partir de la correspondance de Rimbaud avec les siens après son ultime départ vers le Moyen-Orient et les côtes africaines en 1880 jusqu’à son retour et son amputation à Marseille en 1891. S’y ajoutent les deux lettres adressées par Vitalie Rimbaud à son fils pendant cette période, des extraits de lettres qu’elle a écrites à sa fille en 1899 et 1900 et la fin d’Une saison en enfer. Le dernier texte du spectacle est tiré du premier chapitre de Rimbaud le fils de Pierre Michon. Ce texte de Pierre Michon nous ramène aux origines, à l’enfantement et à la germination du poète.
« Qu’est-ce qui fait écrire les hommes ? Les autres hommes, leur mère, les étoiles, ou les vieilles choses énormes, Dieu, la langue ? » (Rimbaud le fils, Pierre Michon)
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