Roberto Zucco

Paris 19e
du 13 septembre au 1 octobre 2005
1H45

Roberto Zucco

Roberto Zucco, jeune homme exclu, voué au malheur, se lance tête baissé dans un voyage hasardeux, d’une lumière à une autre lumière, pour disparaître finalement dans la magnitude du soleil.

De la marche à la mort
Choix de mise en scène
Pourquoi mettre en scène Roberto Zucco ?
De la chair et des mots
Un cri d’Amour dans le vent

Le concept de l'entrepôt
La famille qui protège la famille...

La compagnie

Roberto Zucco, jeune homme exclu, voué au malheur, se lance tête baissé dans un voyage hasardeux, d’une lumière à une autre lumière, pour disparaître finalement dans la magnitude du soleil.

Par la compagnie tam tabadam.

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Pourquoi mettre en scène Roberto Zucco ?
D’abord pour la « rencontre » que j’ai eu avec Koltès. Elle fut déterminante pour le choix de la pièce. Je pense pouvoir dire que je l’ai entendu à travers son texte, pas compris ce qu’il veut dire, mais entendu ce qu’il a à dire. Cette expérience n’est pas une expérience intellectuelle, comme nous le rappelle Rilke ; elle est du domaine de la poésie où l’amour seul peut la saisir, la garder, être juste envers l’œuvre. Comme si chaque mot, chaque idée, chaque énigme faisait résonance en moi comme une clarté, une lumière qui surgit d’un texte fraternel, et toutes ces choses qui n’appartiennent pas à l’appréciation, mais à l’émotion, à la reconnaissance.

Ensuite B-M Koltès fait partie de ses grands écrivains qui en plus d’être en rapport avec le monde de leur temps, s’expriment avec richesse et force. Il crée ainsi un langage qui lui est propre. La grandeur de son langage réside aussi dans le fait qu’il est porteur d’un mythe et devient pour nous, précisément, la parole du mythe : le jeune homme et la mort. Ici, l’ange de la mort est digéré par Zucco qui doit se débrouiller avec ; il devient à la fois victime et bourreau.

Le théâtre de Koltès peut dépasser le désespoir tragique et s’élever au dessus de l’anecdote : la force de la parole est là.

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De la chair et des mots
De la chair et des mots, avec comme seule morale celle de la beauté. Entre clownerie et tragédie, dans une mise en scène épurée, souvent décalée, je veux raconter simplement, précisément, une histoire : le mythe de Roberto Zucco.

Dans un décor épuré, les accessoires, au même titre que les personnages, auront une vraie nécessité sur le plateau ; tous seront exclusivement au service de la narration (excepté Zucco). Je veux ainsi susciter l’imagination du spectateur, qu’il s’approprie l’œuvre aussi bien sur le plan visuel que sur le plan auditif, et que cette alchimie fasse écho en lui comme en moi. Pour conserver une réelle continuité et préserver toute l’intégrité du récit, je proscris l’utilisation des noirs de lumière ; le passage d’une scène à l’autre se fera sous le regard du public et les changements de décor exécutés par les narrateurs eux-mêmes.

Autour du personnage central, immuable, cinq autres comédiens endosseront, successivement, différents rôles à la manière de marionnettes que l’on habille, maquille, travestit, en endossant à chaque fois, une certaine valeur universelle. C’est ainsi que, autour de Zucco, se pressent des individus qui ont une histoire - à défaut d’identité définie (la mère, la gamine, l’inspecteur, le vieux monsieur, etc.).

Je voudrais montrer, dans le jeu des comédiens, à quel point nous pouvons mordre dans le texte, le mâcher, "en faire une expression du réel" disait Patrice Chéreau, de la joute oratoire, du pur combat de paroles d’où naissent réellement un événement théâtral, une situation concrète. Le texte est écrit facilement, d’une seule traite. Sa particularité en est le continu, cette coulée du langage comme le flux d’un irrésistible désir de communiquer ; pas de ponctuation forte, rien que le mouvement, de la respiration. C’est un réel effort physique que les comédiens doivent donner. L’effort passe par la parole et non pas par la pensée, s’accrocher plus à un mot qu’à une idée ; c’est une expérience organique. Pas de longs temps morts entre deux répliques, pas de silences « psychologiques » qui enterrent le texte. Les comédiens doivent jouer sans point de vue, être dans la parole, mais sans l’illustrer. Chaque fois qu’on dramatise le rapport au texte, on n’entend plus le dialogue.

Koltès écrit des langages comme de la musique, c'est-à-dire d’une manière abstraite à partir d’émotions concrètes. Il s’appuie sur le système musical qui existe à l’intérieur du langage parlé. C’est la syntaxe qui porte le rythme et le sentiment.

Un musicien (accordéon) accompagnera les comédiens dans la narration.

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Un cri d’Amour dans le vent
Là où l’Autre ne répond pas, comme un cri d’Amour dans le vent. Structure fondamentale du théâtre de Koltès : l’effort désespéré du contact avec l’Autre (faute de quoi règne la mort seule). Un seul acte de langage, la demande. Quelle demande si ce n’est une demande d’amour. Au-delà de ce désir obsessionnel, la demande d’amour oriente, dans son œuvre, l’ensemble des rapports humains.

Il n’y a pas d’amour, mais sans cesse il faut demander, jusqu’à l’essoufflement. Alors la violence éclate, le désespoir de l’obsessionnel nie le désir de l’autre. Roberto Zucco, pas plus que les autres, ne trouve l’amour et finit par le chercher ailleurs, dans le soleil.

Jean-Philippe Malric (cf. A. Ubersfeld)

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Selon Koltès, le théâtre prend forme dans l'image de l'entrepôt ; lieu du tout possible, vaste structure où les gens se croisent et se rencontrent. C'est dans cette idée que la pièce prendra forme.

Des hommes qui vivent, qui travaillent, qui pratiquent, à la manière d'automates, les mêmes gestes toujours et encore jusqu'à l'hystérie... des êtres de plus en plus désenchantés. Un cercle se forme à l'intérieur de cet espace, un lieux d'expression, pour toute la famille d'abord, consenti et conscient de sa représentation. 

Après la famille, c'est à la société d'avoir son propre lieu, la société des sociétés, un espace dans l'espace.

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La famille qui abuse de l'innocence de l'individu prisonnier de cette toile tissée en son nom. Un lieux clos, miroir des aïeuls, qui s'imposent par protection. Un lieu formel où les prisonniers, classés, référencés, identifiés pour mieux être contrôlé, sont alors meurtris dans leur chair par rébellion. Mais ils resteront, pour la plupart d'entre eux, retenus par ce carcan du soit disant bonheur. Jusqu'à la compréhension de ce pouvoir qu'ont ces cercles sur l'individu par l'individu, il ne peut y avoir que guerre et désillusion pour l'homme.

Zucco, qui est au centre de tout, ne tuera l'oppresseur qui l'entoure que pour tuer celui qui le ronge de l'intérieur, de même que la gamine s'en sortira par le viol qu'elle a subit.

La dame élégante et le vieux monsieur sont à l'extérieur des cercles, car ils ont tout deux cette conscience de la représentation des lieux, et peuvent aider Zucco à s'en sortir.

Jeff Esperansa

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D’abord il y a le désir d’une poignée d’individus nourrissant la même passion du théâtre. Ensuite il y a l’idée qui se développe dans leur tête. Puis la naissance de la compagnie, à Paris, lors d’une création dans le cadre d’études d’art dramatique. Ses membres étaient déjà réunis par un théâtre qui leur est proche et qu’ils veulent défendre. Il s’agissait alors de lui donner une structure pour qu’il puisse s’affirmer dans le paysage théâtral contemporain.

Aujourd’hui, la compagnie tam tabadam est composée des deux membres fondateurs, Caroline Mouton et Jean-Philippe Malric, autour desquels se rassemblent d’autres comédiens, auteurs et metteurs en scène, tous rencontrés sur différents projets théâtraux (entre autres Médée-matériau de Müller mis en scène au théâtre des cordes à Caen, Occupe-toi d’Amélie de Feydeau au théâtre du Nord Ouest à Paris). Tous animés par le même désir, et un dessein commun : Roberto Zucco.

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Bouffon Théâtre
26-28, rue de Meaux 75019 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 1er octobre 2005

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