La lutte bouleversante et tragique d’un couple berlinois contre la machinerie nazie.
Seul dans Berlin nous présente l’implacable résistance d’un paisible couple de Berlinois. Deux années durant, ils vont, unis et sereins face à leur destin, défier Hitler avec pour seule arme des cartes rédigées sur la table de leur modeste cuisine.
« Dans un décor minimaliste, Marc-Henri Boisse et Claudia Morin campent avec pudeur et justesse ces deux modestes résistants et offrent une vibrante leçon de vie et de morale. » Catherine Robert, La terrasse, 23 janvier 2014
« La mise en scène de Claudia Morin, qui joue aussi l'épouse, est sobre. (...) Marc-Henri Boisse fait percevoir avec intensité et justesse le chemin d'un homme, de la soumission à la résistance intérieure, puis à l'héroïsme. Le spectacle, malgré l'aspect tragique de la situation, donne espoir et moral ! » Sylviane Bernard-Gresh, Télérama Sortir TT
Dans sa traduction française, le roman qu’Hans Fallada écrivit en 1947 ne comporte pas de point d’interrogation. La présence de ce point d’interrogation dans le titre de cette version théâtrale constitue un premier acte fort d’adaptation.
Rappelons brièvement que ce roman, salué unanimement (Primo Levi en tête) comme une des fresques les plus bouleversantes sur la vie quotidienne en Allemagne durant le régime nazi, nous présente les « aventures » sinistres et dérisoires des habitants d’un immeuble de Berlin.
Parmi ces habitants, l’adaptation théâtrale ne retiendra qu’un couple : Otto et Anna Quangel. Couple sans histoire, sans passion intime ou politique. Un couple donc, qui vit au rythme des nouvelles du front envoyées par un fils qui bientôt n’écrira plus ! C’est l’histoire de ce couple qui sera portée sur scène ; une scène qui rythmera le lent enfermement tragique de ces héros qui s’ignorent, de ces résistants modestes et peut-être dérisoires. Les Quangel ne vont rejoindre aucune armée de l’ombre. Ils ne cherchent même pas à savoir si cette armée existe. Ils ne prendront pas les armes et ne rejoindront aucun maquis.
Assis à la table de leur cuisine, ils vont se mettre à rédiger des cartes, laborieusement, une par soir. Sur ces cartes pas de mots trop grands pour eux, mais le cri des restes d’une famille qui pleure un fils mort pour rien, ou plutôt pour la grandeur d’un Reich qui lentement les détruit. Ces modestes cartes, rédigées sur des petits bouts de papier, les Quangel vont se mettre à les distribuer dans des cages d’escalier, à travers Berlin, espérant toucher le coeur et peut-être la raison de ceux qui, comme eux, se terrent et attendent les jours meilleurs promis par les Puissants. Un point d’interrogation donc ! Sont-ils les seuls à hurler leur détresse ?
Transposer cet immense roman sur la scène, c’est se servir de la force dramatique que nous apporte le plateau de théâtre. Lentement, jour après jour, carte après carte, un drame se noue dans une cuisine. L’enfermement même de cette cuisine illustre alors avec force le caractère dérisoire et tragique de la révolte des Quangel. C’est cette révolte sourde et poignante qu’il s’agira d’illustrer. Il restera un cri singulier qui n’entend pas dédouaner un peuple de ses fautes, encore moins relire une Histoire qui ne retient plus que les héroïsmes « hollywoodiens ». Non, le geste des Quangel, espérons-le, trouvera au théâtre, son plus bel écrin, celui d’une nuit où chacun d’entre-nous a rendez-vous avec sa soumission ou sa résignation.
René Fix
53, rue Notre Dame des Champs 75006 Paris