Spectacle en français et en arabe surtitré. Attention ! Des scènes peuvent heurter la sensibilité de certains spectateurs.
Ne serait-on pas déjà en prison ? Dans le huis clos d’un palace, des gangsters assiégés s’affrontent en attendant l’assaut après un casse qui a mal tourné. Combats perdus d’avance, luttes fratricides, frêles allégeances, héroïsmes fugaces et pompe, forcément, funèbre… C’est le monde de la pègre que figure ici Jean Genet, mais on pourrait aussi bien être dans un conseil de guerre, une cellule terroriste, ou pourquoi pas, dans un conseil des ministres en pleine crise…
En 1948, Jean Genet signe avec ce thriller un adieu amusé et presque parodique à la littérature de la délinquance qui l’a fait connaître. Tout d’abord intitulée Frolic’s, la pièce ne sera jamais jouée du vivant de son auteur qui préfèrera l’abandonner… Mais les enfants abandonnés sont parfois les plus combatifs. Après avoir présenté Les Nègres à l’Athénée en 2007, Cristèle Alves Meira retrouve ici Jean Genet, mettant en scène ce qu’elle décrit comme une “lente valse macabre, un rituel de l’adieu”.
“En mémoire de l’attachement qu’avait Jean Genet pour le Maroc”, elle a voulu inscrire la pièce dans l’actualité du monde arabe. “Si le policier parlait arabe et les bandits français, qu’est-ce que ça voudrait dire ? Des Blancs qui prennent en otage un policier arabe ? Un Arabe qui tue une Américaine ?”, interroge-t-elle. “Si nous armions cette bande de Kalachnikovs, alors nous serions face à des terroristes qui prennent en otage l’Amérique en terre arabe. L’AK-47, l’arme du pauvre, celle des groupes révolutionnaires et des rebelles du monde entier, mais aussi de nos cités.”
Square de l'Opéra-Louis Jouvet, 7 rue Boudreau 75009 Paris