Le spectacle
Notes de mise en scène
Genèse du spectacle, Les Ateliers Poivre et Sel
La presse
Les vieux sont partout, dans les TGV et les musées, dans les airs et devant leur télé. Ils consomment peu et ne produisent plus. Ils sont dissipés et parlent fort. Contrairement à ce que chantait Jacques Brel, ils vont de mieux en mieux, veulent finir en beauté et prendre enfin une juste revanche sur une vie pas toujours rosé.
Les conséquences de ce papy-boom inquiètent les prévisionnistes : où en serons-nous dans vingt ans ? Histoire d'en savoir plus, nous partons explorer, par les moyens du théâtre, la face cachée de ce phénomène social.
Pour ce spectacle, 17 seniors bretons, recrutés par petites annonces, ont suivi de Longues répétitions, ils savent esquisser quelques pas de danse et rappeler au passage certaines vérités, savamment dissimulées sur cet "âge d'or" de La vie.
Avec Madeleine Gallay, Bernadette Gauthier, Paul Gilles, Henri Hillion, Aimée Humbert, René Joncquez, Paulette Souton, René Souton (Atelier Poivre et Sel de Vannes), Andréa Barillec, Marcel Crochemore, Louise Ebrel, Odette Jamet, Jeanne Le Bouedec, Marie-Renée Le Gad, Annick Le Gall, Albert Quelven (Atelier Poivre et Sel de Quimper).
Autour du thème de la vieillesse, les textes utilisés sont d'origines très diverses. D'Aristote à Montaigne, en passant par Tchékhov, La Fontaine ou Molière, ils abordent tous le thème du temps, parlent de la vie et de la mort, parfois gravement, souvent avec humour, toujours avec esprit. ("Le but de notre carrière, c'est la mort", dit Montaigne en préambule à une magnifique réflexion sur ce thème).
Des poésies apprises sur les bancs de l'école nous reviennent également à l'esprit. Mais aussi, La Fontaine et sa fable "La Mort et le Mourant" :
"Un mourant qui comptait plus de cent ans de vie,
Se plaignait à la mort que précipitamment
Elle le contraignait de partir tout à l'heure,
Sans qu'il eût fait son testament..."
Le choix est vaste également chez les auteurs dramatiques : Tchékhov (Le Chant du Cygne}, un dialogue entre le vieil acteur et son souffleur. Molière et le fameux monologue d'Arnolphe, {L'École des Femmes}, déclarant à Agnès son intention de l'épouser, sauf qu'ici, Agnès est octogénaire...
Plus près de nous, Raymond Queneau et bien d'autres seront mis à contribution. Mais aussi, des poètes et paroliers de chansons populaires. Ce matériau hétéroclite s'organise peu à peu à la manière d'un vitrail de cathédrale : la lumière y rentre morcelée, l'humour y fait soudain place à la gravité.
Les combinaisons sont multiples, des soli aux tutti, les personnalités des acteurs se dessinent ou se fondent dans le chœur. Sur les Ailes du Temps se présente donc comme une pièce à entrées multiples prenant en compte l'investissement artistique de chacun, ses envies comme ses appréhensions.
Écoutons un instant "les vieux" nous parler du temps qui passe. Le sujet leur est familier et ils savent comme personne l'aborder avec humour.
Loin de moi l'idée de produire une version "trash", choquante ou spectaculaire de la vieillesse. Le but de ce spectacle est une réflexion sur le temps, la vie et la mort, non exempte d'humour et de poésie.
Vincent Colin
"Metteur en scène en résidence de création au Palais des Arts de Vannes, cherche personnes âgées de plus de soixante-dix ans désireuses de se lancer dans une aventure théâtrale professionnelle. Aucune expérience préalable n'est nécessaire, seule sera prise en compte la motivation personnelle."
L'histoire commence par une petite annonce publiée en septembre 2003, dans la presse locale. Les Ateliers Poivre et Sel rassemblent alors dix-sept "seniors", volontaires pour tenter cette aventure. Sans casting ni sélection préalable, le travail commence.
J'avais pris soin de leur expliquer que mon intention n'était pas de me transformer en gentil animateur du quatrième âge, mais de me lancer avec ceux qui le souhaiteraient, dans une véritable démarche de création théâtrale. Avec l'exigence et la rigueur qui caractérisent toute production professionnelle aboutissant à des représentations publiques.
Nous avons écarté les tranches de vie individuelles et autres souvenirs personnels pour nous tourner résolument vers les auteurs, les poètes, les philosophes et les dramaturges. L'immense patrimoine littéraire devenait ainsi un vaste territoire dans lequel allait se faire la cueillette : un poème pour l'un, les paroles d'une chanson pour l'autre, des réflexions philosophiques pour un troisième, etc...
Deux acteurs professionnels viendraient nous rejoindre : Denise Bonal et Georges Goubert. Il s'agit d'anciens membres de la légendaire Comédie de l'Ouest, l'un des premiers Centres Dramatiques Nationaux, fondé en Bretagne à la Libération. Aujourd'hui, les comédiens sont rémunérés. Devenus intermittents du spectacle, ils forment ce qu'il faut bien appeler une troupe. Aucun d'entre eux ne s'est désisté. Notre passion commune pour ce projet a la force et l'enthousiasme des aventures nouvelles.
Vincent Colin
Récemment, la troupe a perdu une de ses comédiennes, Ginette Koller, disparue accidentellement. Cette série de représentations lui sera dédiée.
"Le spectacle renvoie ainsi l'image de 'vieux magnifiques, vivants et authentiques' qui ne trichent pas." Sophie Maréchal, Ouest-France, 2006
"II n'y a pas d'âge pour monter sur les planches. Preuve que les seniors ne vivent pas dans le passé. Ne serait-ce que pour entendre, à la fin du spectacle, un spectateur leur lancer s "J'avais un peu peur de vieillir, grâce à vous je sais que l'on peut vieillir heureux, utiles et libres." Maxime Lubliner, Le Pèlerin, 2006
"Sur les Ailes du Temps, joué par des comédiens néophytes entre 70 ans et plus de 80 ans, rafraîchissant et nostalgique. Les textes sont signés Aristote, Montaigne, Verlaine, Ferré, mais ils parlent de la réalité de leur vécu, entre espoirs et nostalgie, des petites misères du quotidien, de la vieillesse et de l'angoisse de la mort. Jamais la tristesse ne se lit dans les yeux pétillants des comédiens. Tout est dit avec légèreté, bonheur, élégance surtout. Le public est en état de grâce, bluffé par leur courage, l'honnêteté du propos, leur humour, cette méthode subtile découverte par l'homme pour camoufler et dépasser ses peurs." Ouest-France, 2005
"À chaque représentation, la qualité du spectacle soulève l'enthousiasme du public." Bruno Bouvet, La Croix, 2005
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