Molière 2006 de l'Adaptateur pour Françoise Morvan et André Marcowicz.
Après une représentation, Svetlovidov, un vieil acteur qui a un peu trop arrosé la célébration de son jubilé, quitte le plateau et s’assoupit à peine assis dans sa loge.
Quand il se réveille, le théâtre est vide. Le vieil acteur s’avance sur la scène et découvre une salle plus sombre qu’un tombeau. Un vent coulis glacial le fait frissonner de peur et la terreur l’envahit quand une silhouette blanche l’appelle dans la nuit. Mais ce n’est que Nikita vanitch, le souffleur qui, lui, est resté au théâtre parce qu’il n’a nulle part ailleurs où coucher.
Svetlovidov ayant retrouvé la compagnie d’une âme humaine, et par là même un public, commence à dresser le bilan de ce qu’a pu être sa vie d’acteur : une bouffonnerie qui s’est avachie dans la vulgarité et la bassesse pour satisfaire le public, cette population d’oisifs dont il s’est fait le jouet.
Ce petit drame, comme l’appelle Tchekhov, est un condensé de son incroyable capacité à révéler les versants les plus inattendus de la réalité car son bouffon, décrivant sans complaisance les étages les plus bas du théâtre peut tout aussi bien, comme par magie, interpréter quelques grands textes de Pouchkine ou de Shakespeare et devenir bouleversant pendant un temps dont on ne peut savoir s’il est d’éternité ou l’absolu de l’éphémère.
Rien n’est donné d’avance, ni la grandeur, ni la petitesse.
Le théâtre apparaît alors sous un jour qu’on lui reconnaît peu et qui pourtant lui est essentiel : sa fragilité et la fragilité de ceux qui le font. Ce n’est pas le moindre paradoxe du théâtre que cette fragilité soit aussi sa plus grande force, car elle remet entre ses mains celle de ceux qui le regardent.
Michel Vittoz
Le Chant du cygne dans le texte français de Françoise Morvan et André Marcowicz est inédit.
Avec Jean-Paul Roussillon et Gilles Segal.
S’il y avait une histoire « naturelle » de Platonov, elle suivrait le cycle des saisons.
L’hiver, il fait trop froid pour sortir. Les Platonov, comme les autres familles des environs, restent cloîtrés chez eux et engraissent - contrairement aux animaux qui hibernent et maigrissent en vivant sur leurs réserves.
Au printemps, les uns et les autres sortent tout gras de leur tanière. Ils aiment se retrouver chez Anna Petrovna, la jeune veuve d’un général dont la fortune s’épuise lentement. C’est la saison des amours. Les jeunes hommes sont vigoureux et les jeunes femmes disponibles. Les discours se parent de tous les attributs de la passion et, comme le monde semble encore nouveau, les uns et les autres s’imaginent le faire et le défaire en s’étripant comme de jeunes coqs.
L’été, on le sent, la chaleur fait éclater les scandales. Les brasseurs d’affaires croquent volontiers ce qui reste de fortune aux beaux esprits qui, par ailleurs, remâchent déjà le dépit et la rancœur que leur inspire un monde que, décidément, ils sont impuissants à changer. Sans compter les histoires d’amour fanées aux premières ardeurs du soleil.
En automne tout se calme. Le jour et les histoires raccourcissent. Les énergies s’étiolent, sans doute ils ont maigri. Les rancœurs et le, dépit se figent. Les uns et les autres se voient moins souvent et chacun se prépare à traverser le rude hiver qui s’avance déjà.
Le cycle achevé, on imagine cette petite société prête à recommencer le même parcours et à perpétuer d’années en années la vanité de ses ébats, sans rencontrer d’autres accidents que les naissances, le vieillissement et la mort des uns et des autres.
Mais l’histoire de Platonov n’est pas « naturelle » elle est « humaine ». Cela veut dire qu’elle n’obéit pas aux lois de la nature mais aux règles - et dans le cas de Platonov il vaudrait mieux dire aux dérèglements - que les humains établissent entre eux pour essayer de vivre en société. Et donc, dès le premier acte, le printemps qui vient est déjà si chaud qu’on pourrait se croire en Palestine et les scandales commencent avant même que les familles locales, enfin réunies, n’aient pris leur premier repas en commun.
Quand Anton Tchekhov écrit sa pièce, il a dix-huit ans. Il mord à belles dents la morale et les croyances dont sa société fait semblant de se nourrir dans le seul but de maintenir tant bien que mal un statu quo catastrophique. Il dévore avec une sauvage bonne humeur les valeurs qu’elle pétrifie : les pères, la famille, l’amour conjugal, la religion.
La satire est violente, les coups pleuvent mais, incroyable tour de force, c’est seulement en le décrivant que Tchekhov construit le mécanisme qui détruit le statu quo de la petite société qu’il met en mouvement. Ainsi, comme d’une maladie dont on décrit les symptômes et l’évolution, la catastrophe finale devient le résultat « objectif » de la situation telle qu’elle a été décrite. Quant aux remèdes, il nous reste encore aujourd’hui à les inventer.
Michel Vittoz
Le texte intégral de Platonov, texte français Françoise Morvan et André Markowicz, est paru aux Éditions Les Solitaires intempestifs, Besançon, juillet 2004.
Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, la mise en scene etait vivante et rythmée... mais les scenes entre Sofia et Platonav ont ete massacrées et baclées denudées de tout romantisme.. C'est la seule chose qui m' a vraiment déçue...
Je ne me suis pas ennuyée une seule seconde, la mise en scene etait vivante et rythmée... mais les scenes entre Sofia et Platonav ont ete massacrées et baclées denudées de tout romantisme.. C'est la seule chose qui m' a vraiment déçue...
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