Tête de mort : le titre claque comme une insolence enfantine, une parole qui conjurerait la peur en la mettant à l'avant-scène. Et c'est bien ce qui se produit dans ce nouveau spectacle de Jean-Pierre Larroche, qui marie marionnettes à gaines et dessins. La mort y est partout chez elle, envahissant la toile peinte et la scène du castelet de fortune.
Mais c'est une mort plaisante, une mort qui fait des blagues, qui balaie de sa faux ce qui la gêne, qui déploie des rébus, se révèle au détour d'une peinture et se mêle habilement aux vivants. À coups de gaines et à coups de pinceaux, la voilà qui apparaît et disparaît, faisant du grabuge derrière le rideau, entraînant dans sa danse macabre tout ce qui est sur son passage.
Privilège de l'inanimé qui s'anime : on assiste au spectacle, fasciné et réjoui par la poésie et la malice de ces constantes renaissances.
Ah ! Mourir au théâtre est une chose difficile ! Il est peu de morts du répertoire qui se donnent à voir en direct sur scène. En revanche, dans leur castelet, les marionnettes et toute la famille des objets inanimés sont très à l'aise pour se tuer, expirer, ou renaître aussi sec.
Gaines et coups de pinceau donnant corps à une nouvelle Danse Macabre, comme dans ces peintures médiévales où la Mort entraînait avec elle toutes les figures sociales. Marottes et matières s'ébrouant dans l'au-delà. Le babil de la Mort s'éclatant en rébus. Car quand le papier est mâché, la peur est prête à s'envoler.
« Il faut toujours rester sur le qui-vive. Le sens bifurque, comme l’esquisse se métamorphose, la peau des mots se retourne. Par ce jeu constant, par son bric-à-brac, le spectacle a bien quelque chose de surréaliste. Tête de mort est donc une danse macabre réjouissante, un plaisir de l’esprit.» Laura Plas, Les Trois Coups
« Des mots qui font mouche, des mots en rébus, des mots inaudibles, des mots triturés, découpés… Tout y est juste (manipulation, lumière, son). Allez-y, laissez vous embarquer, emmenez y vos enfants (...), emmenez y vos parents, vos grands-parents, vos voisins, vos amis, vos ennemis. » Un Fauteuil pour l’orchestre
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