Lieu : Théâtre en bois, 15 route de Manom.
« La vidéo est au dispositif ce que le beurre est à la biscotte. »
Aller au théâtre n’est pas toujours de tout repos. On exige de nous une réelle disponibilité émotionnelle, intellectuelle, psychique. Il arrive aussi que certains dispositifs scéniques soient, dans leur inventivité, de véritables mises à l’épreuve physiques. Et voilà deux créateurs qui ont imaginé une façon originale de nous obliger à changer de point de vue : ils ne se contenteront pas de nous inviter à concevoir une réalité sous un angle différent, nous devrons réellement nous bouger pour voir les choses autrement.
Qui sont-ils ? Odile Darbelley et Michel Jacquelin. Leur complicité est ancienne déjà, elle remonte à 1996. La seule lecture des titres de leurs opus nous paraît révélatrice. Jugez-en : Un lièvre qui a des ailes est un autre animal ; Tout seul je ne suis pas assez nombreux ; Du lard à l’art ; Les tortues dorment toutes nues sous leur carapace ; A l’ombre des pinceaux en fleur ; Rouler comme un Loukoum dans le stuc.
Conférenciers loufoques, savants illuminés, artistes dérisoires et grandioses, danseurs de hasard, les bouffons poétiques qu’inventent Odile Darbelley et Michel Jacquelin réveillent la drôlerie d’une création contemporaine et toujours interactive, toujours en train de faire face à un public complice et hilare… Ils torturent et triturent le bien fondé de la gravité de toute création artistique.
Nous ne souhaitons pas vous priver du plaisir de la surprise, mais sachez que, comme la compagnie Transquinquennal, Darbelley et Jacquelin vont s’intéresser à notre rapport à la télévision, côté cour et côté jardin cette fois - nous vous livrons là un indice. De toute façon, un conseil, si vous venez accompagnés, restez bien groupés, car vous risqueriez d’être séparés pour la durée de la représentation.
En guise de prologue à cette soirée, quelques définitions aimablement fournies par les auteurs. « Art tangent est celui que l’on croise quand on passe à côté. On peut imaginer que moins une œuvre est connue et plus elle est tangente. » « Vidéo : media impur et post-moderne par excellence, la vidéo tombe en panne, comme dit Marcel [un peintre qui tente de trouver la couleur « rose beef »], plus souvent qu’un pinceau. » Et surtout, « Temps : ne pas oublier qu’une heure de spectacle, c’est une heure de vie en moins pour les spectateurs comme pour nous. » Nous voilà prévenus. Mais nous savons aussi que qui fait rire peut faire réfléchir !
Place de la liberté (Boulevard Foch) 57103 Thionville