Un groupe d’amis se retrouvent au cœur de la forêt pour un délicieux pique-nique et une nuit à la belle étoile. Mais le barbecue mal éteint provoque un gigantesque incendie...
C’est l’effroi absolu face à l’apocalypse des flammes. Et plus jamais rien ne sera comme avant pour les survivants… Un poème dramatique magnifique et bouleversant pour interroger au plus profond les choix et les destins de chacun.
Avec la participation de Viviane Jean et Vincent Garanger.
Les gyrophares bleus crépitent dans les yeux des enfants. L’éclat des vagues fracasse le tronc des grands arbres et meurt comme sur de vieux rochers solitaires. Non ce n’est pas la mer qui gronde mais le bourdonnement du feu.
Comment avons-nous fait pour ne pas entendre venir la catastrophe ?
Comme une première rumeur du monde.
Il a fallu que notre sommeil soit si profond si insouciant.
Là, maintenant perdus, seuls au cœur du drame et de la révolte.
Nos larmes absentes ne servent même plus à éteindre l’éclat de nos yeux brûlés.
– La beauté était dans l’œil ! –
Il est des textes impossibles, Tristesse animal noir est de ceux-là. Il saisit d’effroi et l’on sent la glace figer petit à petit son sang à la lecture.
Impossible ! et comment représenter le feu qui dévore et consume cette histoire. Impossible et pourtant ce cœur de la forêt en feu comme une explosion de la nature en rage est au centre de cette histoire et dévoile petitesse et grandeur des personnages. Cet égoïsme que nous connaissons si bien et cet orgueil qui nous a pris depuis que nous regardons le monde de haut, derrière nos écrans de verre. Quand se briseront-ils et exploseront-ils à nos visages pâles nous laissant marqués, balafrés, nos joues en sang, scarifiés à jamais ? ! Ici l’explosion a eu lieu et on voudrait que plus jamais cela advienne, qu’enfin on puisse regarder le ciel étoilé et se sentir à nouveau petit si petit, enveloppé par ce manteau maternel. Et puis arrêter l’horloge du temps et retourner dans la forêt sans crainte, construire une cabane et s’asseoir là sur un tapis de fougères.
Guy Delamotte
Jennifer : Et maintenant.
Paul : Quoi. Maintenant.
Jennifer : Tu veux qu’on rampe à terre pour ramasser tes vieilles utopies.
Paul : Vous ne pouvez pas comprendre. Vous n’y avez pas été.
Miranda : Ta main sur ma cuisse. C’est ça qui aurait été beau.
Miranda ferme les yeux. Jennifer tend une bouteille de bière contre le bras nu de Paul. Il sent la bouteille lisse sur sa peau, il aimerait que Jennifer tourne la bouteille une fois sur son axe contre son bras et quelque chose changerait, il aimerait une bouteille magique. Elle sourit. Il la saisit, la bouteille. La bière est chaude.
Oskar : Ce serait mon avant - dernier souhait. Une bière fraîche.
Oskar observe Martin et essaie de capter son regard, c’est important pour lui d’être regardé par Martin à cet instant. Il a l’idée d’en dire plus. Des phrases idiotes comme celle à propos de la bière. Des phrases qui le forceraient, lui, son ami, à se rappeler sa voix, son visage. Rien ne lui vient à l’esprit.
Martin : Depuis que j’ai arrêté. J’ai engraissé.
Paul : Ça n’a aucun rapport.
Martin : Et comment. Je perds le contrôle. J’ai plus un poil sur le caillou mon genou gauche est naze. J’ai des boutons sur le front sur le dos aussi. Ma tête on dirait une grosse patate. On a envie de me pincer tellement j’ai l’air d’un bébé Cadum. Un nourrisson dodu et grognon. Mais je me suis arrêté de fumer. Félicitations.
Paul : Ça n’a aucune espèce de rapport.
Martin : Dans mon euphorie j’en ai oublié que j’étais végétarien.
Oskar : Tu n’es pas gros.
Jennifer : Nous tous, on ne rajeunit pas.
Paul : C’est une question de force intérieure.
Miranda : Essaie, toi, avec l’alcool.
Jennifer : Ou le sexe.
Paul : Je parle d’un acte de maîtrise de soi.
Jennifer : Pourquoi tu ne grimpes pas aux arbres pour te connecter aux éléments.
Paul : Et pourquoi tu n’embellis pas avec les années.
« Mis à nu, la douleur est « à cru », le fil qui les reliait à la vie a été rompu. Et la mise en scène de Guy Delamotte suggère avec brio cet enchevêtrement, ce no ma n’s land duquel ils n’arrivent plus à sortir. Quant au spectateur, il en ressort rincé et paradoxalement heureux d’avoir assisté à une si grande Tristesse ... »
La revue du spectacle
« D’abord, il y a la force et la beauté du texte. Un texte en constante métamor phose et la mise en scène de Guy Delamotte puissante portée par des performances d’acteurs éblouissantes. Spectacle sombre et prenant sur la propension de l’homme au désastre et les vérités profondes qu’il découvre à son contact. »
Ouest - France
« Les personnages, détruits, vont errer, essayant maladroitement de survivre, en proie à une insupportable douleur, à un sentiment de culpabilité, et à la solitude. Très séduisant, à l’écriture particulièrement complexe, il y a de belles images. Et c’ est bien dirigé. »
Théâtre du blog
La Cartoucherie - Route du Champ de Manoeuvres 75012 Paris
En voiture : A partir de l'esplanade du château de Vincennes, longer le Parc Floral de Paris sur la droite par la route de la Pyramide. Au rond-point, tourner à gauche (parcours fléché).
Parking Cartoucherie, 2ème portail sur la gauche.