Avant de disparaître
Note d’intention
Calendrier
Extraits
Trois moments, juste avant. Avant de disparaître, de voir disparaître. Un regard aussi sur ces instants où tout un chacun voudrait disparaître aux yeux des autres, dans sa solitude. Mais les autres ne veulent pas toujours. Ils ne savent pas. Ils vous aiment.
Juste la fin du monde et Retour à la citadelle sont les deux pièces de Jean-Luc Lagarce qui à elles seules regroupent la quasi-totalité des sujets récurrents dans l’oeuvre de l’auteur. Les trois sujets principaux en sont, la famille, le pouvoir et la disparition (l’absence ou la mort). Dans Trois Récits c’est bien de disparition qu’il est question essentiellement. Ce qui m’intéresse ici, au-delà du sujet déjà abordé dans les deux créations précédentes, c’est la forme même du texte, non dramatique.
Récit : Solo vocal ou instrumental. Partie qui exécute le sujet principal dans une symphonie.
J’ai donc envie de prendre le titre de ce recueil au pied de la lettre. Il s’agit de travailler sur la théâtralité de cette parole, et non « théâtralement ». Le cheminement de la pensée, avec ses imprévus, ses pauses, ses incidences, ses rythmes variés, fait de Trois récits un texte à dire, à entendre. Il y a de la délicatesse dans cette perception décuplée de soi et des autres, dans ce regard sur l’amour et la peur. La peur de la perte des autres, de soi. C’est cette fragilité et cette pureté qui guideront le premier travail de chaque acteur. Un récit, un acteur, un élément de décor, pour citer Jean-Luc Lagarce : « Dire pour le monde, devant témoin. »
Jean-Charles Mouveaux
Le voyage à la Haye les jeudis à 19h : 1h10
Le bain les vendredis à 19h : 30mn
L’Apprentissage les samedis à 19h : 45mn
L’intégrale de Trois récits sera présentée les dimanches à 17h à partir du 4 mars 2007 (version courte) : 1h45
L’apprentissage
Celui qui raconte.
Il y a plusieurs jours déjà que je suis là
- plus tard, on me raconte - il y a plusieurs
jours déjà que je suis là lorsque
j’ouvre les yeux.
J’ouvre les yeux. Ou plusieurs jours
encore que j’ouvre déjà les yeux avant
même que je ne le sache, plusieurs jours
après que j’ouvre les yeux et le premier
jour où je m’en aperçois.
J’ouvre les yeux.
Le bain
Et à nouveau, vers la fin du mois de
juillet, mais je savais que c’était la dernière
fois, je devais retourner à Berlin.
Müller voulait m’accompagner car il ne
connaissait pas la ville, c’était le début
de ses vacances, nous devions passer
une semaine ou deux chez moi, nous
visiterions les monuments, il voulait
voir la partie Est maintenant que le mur était tombé, et avant que les travaux ne
commencent, ce qu’il disait, il pensait
qu’aussitôt, maintenant, les travaux
commenceraient et qu’on ne pourrait
très vite plus rien reconnaître, ne rien
savoir de ce que c’était, cela qu’il souhaitait
voir.
Le voyage à la Haye
Lorsque nous sommes arrivés à La
Rochelle, le mardi de la semaine précédente -nous étions maintenant en
février - j’avais une gêne de plus en
plus pénible à l’oeil droit et je ne cessais,
d’un geste machinal, régulièrement, de
vouloir chasser un léger nuage que je
croyais avoir sans cesse devant moi et
qui m’empêchait de lire ou d’écrire et ne
cesser de me fatiguer.
37, rue Volta 75003 Paris