Résumé
Un travail d'exploration
Visage - Après guerre
Variation 3 pour comédienne et placard
Scénario pour comédien instrumental non
existant mais possible
Ces manifestations interdisciplinaires, baptisées Uberyou 2 sont un travail expérimental d'un laboratoire de recherche, visant à interroger les limites du théâtre, à explorer de nouveaux modes d'expression, des formes singulières telles que des conférences-spectacles, expérimentation de nouveaux langages dramatiques.
L'idée de ce triptyque vient de l'envie de présenter les différentes manifestations du cerveau : le cerveau amnésique, celui de l'homo-capitalus et celui de l'artiste autiste.
Dans ses recherches et expérimentations théâtrales, Urszula Mikos tente toujours d'explorer des énergies atypiques, décalées, déviées par la solitude, l'enfermement physique ou mental et d’aborder les questions du pouvoir et de la manipulation, de l’influence des éléments extérieurs sur l’être. Elle interroge leur manière de se manifester dans le geste et la parole. Dans son travail, grâce à la musicalité, au rythme, à l'état et à la respiration elle essaye de comprendre et d'atteindre ces différents types d'énergie.
Les Uberyou sont des manifestations théâtrales ou para-théâtrales visant à interroger les limites du théâtre, à explorer de nouveaux modes d'expressions, des formes singulières telle que des conférences-spectacles, des manifestations interdisciplinaires, expérimentation de nouveaux langages dramatiques.
LesUberyou apparaissent comme des espaces où l'on se donne la possibilité d'expérimenter, de tester.... Dans ce laboratoire sont invités tous ceux qui marquent un intérêt pour un processus de travail et non pour un "produit" théâtral. La confrontation, l'échange d'expériences, l'exigence d'une recherche doivent apparaître comme les seules motivations des rencontres.
Dans la première manifestation des Uberyou - "machine à désespoir", d'après l'œuvre de Thomas Bernhard, Urszula Mikos s'est attachée à étudier les déviations du langage dues à l'absence de confrontation à l'autre, la désintégration de la personnalité dans laquelle la parole obsessionnelle devient la dernière manifestation d'un être, en perte d'émotion et d'affect.
L'idée de ce triptyque vient de l’envie de présenter les différentes manifestations du cerveau : le cerveau amnésique, celui de l’homo capitalus et celui de l’artiste autiste. Avec 3x1, Urszula Mikos interroge le caractère fragmentaire des hommes et de leur monde devenus somnambules, l’incessante transformation de l’être sous les chutes lentes ou accélérées des impressions et des images qui nous assaillent en permanence - bombardement crépitant des sensations venues de l’extérieur ; il essaie de cerner la surface vibratile de l’être dans ses zones de plus grande réceptivité où mémoire et perception jouent ensemble en toute liberté.
Au niveau de la représentation, ce désir se traduit par la volonté de jouer sur la perception : aller de l’éloignement d’un monde imagé vers un rapport de plus en plus direct, de la tromperie hallucinatoire à l’irruption de la vie, en finissant par un rapport très particulier, à la limite du théâtre... une conférence.
Ce bref poème dramatique consacré au réveil d’un soldat traite de la perte de mémoire, de l’amnésie... de la redécouverte de sensations. Il sera le support d’un travail sur la manipulation sensorielle, visuelle, interrogeant la manière de produire un effet hallucinatoire... de faire vivre au spectateur lui-même une expérience de « table rase » où bribes de son et d’images apparaissent ou réapparaissent dans un cerveau, plein et vide à la fois.
Un des premiers niveaux de cette recherche sera celle de l’enregistrement d’une voix retentissant comme une prière, pressante dans sa nudité et sa simplicité, mais soumise à un discret traitement sonore, proposant à un jeu d’éloignement, de rapprochement, de rétrécissement, d’étouffement, d’accélérations... le son semblera ainsi venir d’un espace changeant, traversant le prisme de lieux différents, de violences différentes, si proche parfois que le spectateur doit croire qu’il le crée lui-même.
Le traitement visuel proposé par l’apport de vidéo permettra de mêler plein et vide, visible et flou, images réelles, documentaires et mouvements de caméra traités de manière musicale (mixages, ralentissements, arrêts, travellings, zooms, panoramiques, boucles quasi obsessionnelles).
Le dialogue entre ces enregistrements et une danseuse Butô offrira un autre champ d’exploration mentale : celui du corps qui se transforme en fonction d’une mémoire brisée, changeante, nourrie de forces vitales ataviques. Il sera alors possible de rythmer la respiration même du spectateur par un jeu de complémentarités d’oppositions - liquide, solide, violence, lenteur, détente, contractions...
La deuxième partie du spectacle s’ouvrira sur une confession intime : une femme aux prises avec ses doutes et sa culpabilité, à la solitude dans son travail ou à la difficile confrontation avec un univers qu’elle n’a pas choisi et ne comprend pas. Après la polyphonie des éléments perçus par un cerveau marqué par la guerre, le triptyque passe à un univers très proche du quotidien, devenant de plus en plus oppressant et dérangeant. Après une image complexe, une forme resserrée à la simplicité pratiquement non théâtrale. Un personnage, de passage, parfois touchant, parfois amusant, vient faire une déclaration et reste simplement plus longuement que prévu... irruption du privé sur le plateau.
Le banal, le décevant de cette existence qui se livre s’impose alors de plus en plus au spectateur et offre l’image la plus essentiellement scénique... la parole, la sensibilité qui se livre. Ouvert par l’image d’une amnésie, le spectacle revient à l’image d’un cerveau configuré, modifié par une société dont la violence s’exprime de tant de manières : l’oppression du travail souvent non choisi et abrutissant, les modèles générés par des média aux credo vulgaires, trompés par des pouvoirs dépassés ou sans perspectives humaines. La réduction du cerveau de l’homo capitalus.
Pour se clore, le triptyque proposera une conférence sur l’ouïe. Expression d’un nouveau type de cerveau qui se veut engagé, provocateur, anarchiste peut-être... A présent plus d’artifice : un conférencier - comédien s’exprimant directement et simplement par micro... ce projet est né du souvenir d’une conférence de Grotowski où celui-ci emporté par une sorte de transe s’est longuement exprimé de manière quasi - autiste. Malgré cette perte de contact avec son public et le sujet de son discours, un silence religieux, à la limite de la stupeur régnait sur ses digressions... une sorte d’hypocrisie sacrée, signalant de manière criante le besoin de notre société de modèles ou de guides.
Le but de notre conférence, imposant un comédien capable de réelle aisance, sera de faire une sorte de radiographie de cet engagement si souvent présent mais de plus en plus décalé avec le contenu de la parole. D’un côté sera donc présent l’autisme de l’homme de parole, de l’autre le mouvement de ses certitudes, doutes, désirs, passions... l’évidente évolution de ses tensions, de ses contradictions… la perturbation de l’ordre causal, le dérèglement systématique des chaînes de raisonnement… débouche finalement sur une manifestation de la dérision et de l’accusation.
2, passage du Bureau 75011 Paris