« Tout ressentir de toutes les manières » Fernando Pessoa
Ce projet représente le prolongement d’une recherche commencée pour moi il y a plusieurs années. La recherche d’une poétique du plateau qui serait mienne, d’une relation sensible à l’écriture et à la scène, décomplexée d’une narration traditionnelle.
La volonté de concevoir de manière intuitive et empirique mon travail de création. De composer avec la fragilité et de la puissance des êtres mis à nu sur le plateau, dans la lumière. De questionner le corps de ces interprètes, qu’ils soient acteurs ou danseurs. Et enfin d’assumer la part autobiographique de ce travail.
Cette création est une réflexion sur la vie, la mort et l’écriture, à travers la figure de Fernando Pessoa, ou plutôt de l’un de ses hétéronymes : Alvaro de Campos. : Le poète sensationniste, au style fébrile et puissant, auteur notamment de l’Ode triomphale ou de Bureau de Tabac. Ce qu’il faut dire de Pessoa, c’est ce qu’il dit de Shakespeare : il était « trop grand pour lui-même » ; il avait trop d’ « âme » pour trop peu de « moi ».
Pessoa est pour nous un personnage passionnant : A la fois celui d’un modeste employé de bureau qui n’aura finalement publié qu’un seul livre au cours de sa vie, et celui d’un génie de la littérature du XXème siècle (qui ne connaîtra, comme ce fut le cas pour d’autres, qu’une gloire posthume),un auteur multiple, prolixe, doué d’une exigence aigue.
Nous avons choisi, au cours de ce spectacle composé de différents tableaux, de nous frictionner à l’écriture de deux autres écrivains « radicaux » (si tant est que le geste d’écrire pouvait ne pas l’être). Celle de Patrick Kermann et de David Wojnarowicz, ainsi qu’à la nôtre. Besoin d’y voir plus clair. De ressentir pour comprendre. Nous sommes encore jeunes, je sens que nous serons humbles et lyriques.
Ultimatum, parce qu’il y a urgence. Un espace de chaos intimes, introspectif et généreux. Un spectacle sur la tragédie d’exister. Un spectacle forcément « contemporain », par l’envie de continuer à s’emparer et à découvrir notre langage propre qui en même temps qu’il s’invente, témoigne de tout ce qui nous constitue.
Un espace vide, lumineux, des acteurs proches. Des chaises, trois tables (que nous construirons). Des présences physiques solaires, illuminées. De la pluie et du vent. Alvaro de Campos, le plus hystérique, le plus fulminant des hétéronymes.
Ultimatum est un espace de création. Un metteur en scène de théâtre qui s’intéresse « aux corps danseur des acteurs ». Cinq interprètes. Trois tables. Un grand espace, bas de plafond. Et les textes d’un auteur, principalement, Alvaro de Campos, le chantre du sensationnisme, l’un des hétéronyme de Fernando Pessoa. L’objectif c’est d’écrire ensemble un spectacle. Aujourd’hui. Une œuvre sensationniste.
Cédric Gourmelon
12, rue Léchevin 75011 Paris