Une équipe de musiciens et de comédiens : d’Afrique, d’Haïti et de la Martinique s’est réunie pour créer un spectacle dont le but est de transmettre, de faire découvrir la parole d’Aimé Césaire qui s’articule autour des droits de l’homme.
Il s’agit pour nous d’une nécessité plus que d’un devoir de mémoire. Une nécessité parce que le combat pour la reconnaissance de la culture de l’homme noir est toujours à mener et d’actualité. La poésie, le théâtre et le discours politique sont intrinsèquement liés et ont généré l’oeuvre d’Aimé Césaire d’où le choix, hormis quelques poèmes, des extraits de : Discours sur le Colonialisme, Les chiens se taisaient, La tragédie du Roi Christophe, Une saison au Congo.
Michèle Césaire
La volonté, la force, les faiblesses de celui qui est amené à prendre le pouvoir et à l’exercer pour assurer le rôle historique de père de la nation sont les thèmes récurrents de ce spectacle.
Toutefois des incursions dans la poésie nous permettent de saisir les vertiges de l’homme dont l’ambition est de fonder et de stabiliser. « Cela revient à dire que l’essentiel est ici de voir clair, de penser clair, entendre dangereusement... Il est temps de mettre à la raison ces nègres qui croient que la Révolution ça consiste à prendre la place des Blancs et continuer, en lieu et place, je veux dire sur le dos des nègres, à faire le Blanc. Me laisser écarter, foutre tonnerre ! »
Les textes d’Aimé Césaire sont faits, nous semble-t-il pour être dits, pour être interprétés, pour être écoutés et cela parce qu’il s’agit d’un message, de la transmission des paroles de ce poteaumitan ancré dans le sol de l’île Martinique, face à la mer et les autres continents. Le grand poète vit toujours par son oeuvre universelle qui demeure. L’arbre qu’il a désigné (choisi) est un arbre de palabres et ce ne sont pas ici des paroles vaines mais celles exprimées d’un grand voyant.
La musique créée fera partie intégrale du spectacle puisqu’il s’agit aussi de la musicalité des mots, d’oralité et de chant poétique. Nous proposons avec ce spectacle, créé à partir des textes d’Aimé Césaire de transmettre ses prophéties, ses visions, ses exigences. Il s’agit donc en définitive de théâtre, de poésie et des droits de l’homme.
Michèle Césaire
Une saison, pour goûter le temps d’une allusion, les différents parfums d’humanité, de rébellion et de questions lucides qui nervurent le théâtre d’Aimé Césaire. Pour donner à l’entendement les fulgurances d’une colère jamais lasse face à la négation flagrante, sans vergogne et continue des droits fondamentaux de l’être humain qui semblent en effet, de nos jours plus que jamais, réduits à l’état de vieux squelettes en poudre, dans un placard.
Une saison pour rappeler par touches brèves quelques pans notoires de l’histoire des peuples noirs des XIXe et XXe siècle. Nommer les erreurs et les horreurs connues, afin qu’elles ne soient plus commises. Une saison aussi pour prendre l’intelligence de rire, pour mieux questionner les situations que le texte de pièces comme Et les chiens se taisaient, La tragédie du roi Christophe, Une saison au Congo, Une tempête livrent à nos consciences.
Et quand même, pour arroser et faire germer l’idée d’une vraie saison de théâtre qui permette aux enfants du théâtre de Martinique de représenter en intégralité chacune de ces pièces de notre répertoire. Pour donner à voir et imaginer Et quand les chiens se taisaient, les cicatrices de La tragédie du roi Christophe, ou bien le visionnaire d’Une saison au Congo en cette année du cinquantenaire des indépendances africaines, dans ce monde globalisé et peut être aussi où en sont nos identités dans «Une tempête» comme celle que nous vivons aujourd’hui ? Sûrement pour suggérer, citer quelques lignes de force pour bâtir demain !
Certainement pour l’urgent, le vibrant appel à l’imagination qu’il y a dans le théâtre d’Aimé Césaire. Il faut bien commencer par imaginer le changement pour qu’il se mue en idée, puis en une forêt de possibles !
Ruddy Sylaire
« Un nouveau souffle aux paroles d’Aimé Césaire. » Christian Tortel, France Ô
« L’énergie des interprètes et la belle voix du poète dissolvent les murs qui enserrent l’étroite scène. Entre ces nouveaux horizons, c’est un refus qui enfle et un désir qui sourd. Les acteurs n’économisent pas leur souffle parce que le message est brûlant, de vérité et d’actualité. » Pierre-Edouard Peillon, magazine littéraire
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