Dans la peau de Hanta, ouvrier, autodidacte, génie, buveur de bière, destructeur et dévoreur de livres, palabreur en perpétuelle métamorphose, l’acteur Thierry Gibault donne vie à la puissance de ce monument de la littérature tchèque en luttant par le plaisir gourmand des mots contre les machines à broyer l’humain. L’œuvre visionnaire de Bohumil Hrabal, écrite il y plus de trente ans, sonne comme une grande et belle réponse à la « sensure » (perte de sens) qui nous menace aujourd’hui.
D'une cave située dans les entrailles de Prague s'élève la voix d'Hanta. Presseur de vieux papiers, il raconte sa vie, les trente-cinq années passées à actionner sa machine à broyer le vieux papier et les livres interdits par la censure, tous les chefs-d’œuvre de la littérature. Arrimé à cette machine, Hanta fait sa basse besogne — « ce massacre d'innocents, il faut bien quelqu'un pour le faire »—boit de la bière, déambule dans les rues de Prague et accomplit sa mission secrète : résister à la dictature en sauvant, jour après jour, des livres, des histoires, des souvenirs, afin de peupler sa trop bruyante solitude. Changement d’ère, à sa presse mécanique succède une nouvelle génération de presses géantes : le monde d’Hanta s’effondre. Face à la menace de voir substituer à son noir paradis un enfer blanc, il va trouver une sublime parade, ultime oeuvre d’art, définitive transmutation, la dernière réponse au danger de l’amnésie.
On a pu penser que, chez Hrabal, le plaisir de la fabulation semble compenser le fait que dans le contexte politique et social du régime communiste qu’il connut, « la vie est ailleurs». Foisonnante, baroque, irrévérencieuse au possible, l’oeuvre du poète est de celle qui ouvrent au lecteur, au spectateur, les « chemins de la liberté ».
« Génial délire qui est un cri d'amour à l'écriture et à la pensée. Seul en scène, Thierry Gibault empoigne ce torrent de mots en ouvrier maculé, épuisé, abîmé et transfiguré. Il est absolument stupéfiant, tandis que la mise en scène de Laurent Fréchuret et la lumière d'Eric Rossi opèrent un fascinant voyage entre l'ombre et la clarté. » webthea, Gilles Costaz
« La direction d’acteurs, subtile et précise, révèle l’étendue du talent de Thierry Gibault. » Les Trois Coups
« Au coeur d’une composition sonore et lumineuse soignée, suggestive et très belle, le comédien offre une interprétation émouvante et fascinante de ce curieux bonhomme aux allures de Bartleby kantien… Un spectacle en tous points abouti où le théâtre fait feu de tout bois avec bonheur. » La Terrasse
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