« L'invisible est indivisible du visible pour les transsexuels, ce n'est pas une maxime philosophique, ce peut être la différence qui existe entre la vie et la mort » Lana Wachowski (discours au HRC)
Lana and Andy Wachowski
A la fin du 20ème siècle Larry Wachowski réalise avec son frère Andy le premier volet de la Trilogie Matrix. Au début du 21ème, Larry, devenu Lana, reçoit le Prix de la Visibilité par la Human Rights Campain (HRC), importante association américaine militant pour l'égalité des gays, des lesbiennes et des transsexuels aux Etats Unis. Ce projet est construit autour du discours prononcé par Lana Wachowski à cette occasion.
Note d'intention
En janvier 2013, j'ai découvert la vidéo du discours prononcé par Lana Wachowski à la HRC. Ce spectacle, inspiré par ce discours, évoque les barrières et les ponts fabriqués par l'homme entre les domaines de la réalité et de la fiction, de l'intime et du collectif, du public et du privé. L'observation des résonances qui existent entre ces (différentes ?) sphères est particulièrement propice au théâtre. Dans son discours Lana Wachowski aborde son changement de sexe de façon concrète et frontale. Son témoignage, s'il fait voler en éclat l'amalgame fréquent entre le transgenre et l'homosexualité, rappelle surtout que si nous avons aujourd'hui le pouvoir technique de modifier profondément notre nature, la question demeure : comment, pour qui et pourquoi ? La force du discours de cette personnalité publique, prononcé en marge de sa sphère de « réussite » (l'industrie cinématographique d'Hollywood), est de resserrer les liens et de faire se rencontrer les phénomènes intimes et collectifs. Sans donner de réponse, ce spectacle, à travers différentes sources d'inspiration, et la diversité de son traitement, évoque l'éventail grandissant des possibles.
Frédéric Jessua
Ca commence comme ça. Une photo liée à un épisode du 20ème siècle, sans jugement. Et ça continue. Patrick Ourednik nous décrit au fil du texte avec des moyens statistiques, historiques, et faisant appel à sa propre mémoire et à la mémoire collective, ce qu'a pu être le vingtième siècle qui fonde de facto notre temps. Et il brasse tous les sujets : la guerre, la religion, les poupées Barbie, le chewing gum, les totalitarismes... sans jugement.
Comme si l'auteur nous disait : « voilà ce qu'on dit. voilà ce que je sais » pas ce qu'il pense ou en creux. « Et maintenant qu'est ce qu'on fait de tout cet héritage ? Comment on agit ? Qu'est-ce qu'on dit aujourd'hui ? Sommes-nous acteur de l'histoire ou est-ce que nous la subissons ? »
77, rue de Charonne 75011 Paris