Le soldat Woyzeck vit pauvrement avec sa solde militaire, tandis que sa compagne s'adonne à la prostitution. Sa jalousie prenant forme lentement sous l'épuisement physique et les insinuations du capitaine, il finira par mettre à mort son amie en lui tranchant la glotte. Au cœur de ce projet qui unit chant, danse et théâtre, se trouvent les figures marginales et la reconnaissance de leur humanité.
Büchner donne à voir dans cette pièce un monde emprunt de solitude et de violence. Gravitent des silhouettes inquiétantes, des fous, des femmes de mauvaise vie, des nourrissons, des hommes chevaux, des assassins, des alcooliques. Des silhouettes sur lesquelles repose le soupçon de ne pas être tout à fait humaines, de ne plus l'être réellement. Est-ce vraiment un homme celui qu'on montre dans les foires, celui qui cogne comme un sourd sous les vapeurs de schnaps, celui qui hurle dans la nuit des paroles délirantes ? En menant ce projet, nous pensons bien évidemment à tous ceux qui se tiennent aux marges de nos sociétés et dont l'humanité semble être potentiellement remise en cause - roms, clochards, malades mentaux, criminels, prostituées, qui d'autre encore ? Nous pensons également à L'espèce humaine, ouvrage dans lequel Robert Antelme nous rappelle comme le projet nazi, grossissement de logiques à l'oeuvre dans notre propre monde, visait précisément à nier l'humanité de certains hommes.
16, rue Georgette Agutte 75018 Paris