"Ventre sec, corps stérile, Yerma. Une femme mariée à un homme de la campagne, Juan, qu’elle n’a pas choisi. Une femme toujours sans enfant après plusieurs années de mariage, et qui ne l’admet pas, le refuse, le crie face à un homme dur, jaloux, courbé sur son travail, ses terres, ses bêtes. Au fur et à mesure que les portes se referment sur Yerma, qu’elle questionne les autres femmes, les jeunes mères, les vieilles, en vain, qu’elle renonce à la fuite, au déshonneur, que ses lendemains se verrouillent, que ses incantations se perdent dans la nuit, montent une lamentation et une colère, résonne dans le vide de son corps un chant obscur et violent.
Federico García Lorca compose avec Yerma en 1934, une tragédie charnelle et sombre, où alternent dialogues et poèmes. L’auteur dénonce en trois actes et six tableaux, le sort étouffant fait à la femme espagnole dans un pays immobilisé par la tradition.
Le voyage à l’intérieur du drame de cette femme, Yerma, plus généralement la question de la féminité, ont donné à Vicente Pradal, musicien, familier de l’œuvre de García Lorca dont il a créé et interprété récemment le Llanto por Ignacio Sánchez Mejías et Romancero Gitano, la portée sur laquelle se déploie la gamme des expressions des personnages de la pièce, toujours en lutte, toujours sincères, tantôt frénétiques, tantôt frivoles, tantôt accablés, tantôt mystérieux.
La rudesse de l’histoire de Yerma et du milieu où elle vit suppose un espace sobre, voire austère et une mise en scène centrée sur l’interprétation du texte, sens et sons confondus. Aussi, comme García Lorca mêle la poésie au théâtre, Vicente Pradal associe-t-il aux comédiens, deux musiciens et une chanteuse qui restituent la couleur andalouse, pour illustrer et faire vivre ces émotions profondes."
Joël Huthwohl
"La voix chantée flamenca, très expressive, éveille en nous des sensations archaïques enfouies et une émotion physiologique d'une grande intensité. (...) Nous essairons d'aller vers le coeur noir, le duende goyesque, de l'Espagne profonde." Vicente Pradal, mars 2008
Le texte de la pièce est traduit de l'espagnol par Denis Laroutis.
21 rue du Vieux-Colombier 75006 Paris