Après Les Palmiers sauvages en 2016, Séverine Chavrier revient à Faulkner et à sa langue dense, tendue, d’une intensité folle. Proche d’une tragédie antique, imprégné de malédiction biblique, Absalon, Absalon ! raconte le destin de Thomas Sutpen, par l’intermédiaire de plusieurs voix qui énoncent, ressassent et recomposent le récit, participant de « la nature illogique et aberrante d’un rêve ».
Représentations surtitrées en anglais : chaque samedi.
Après Les Palmiers sauvages en 2016, Séverine Chavrier revient à Faulkner et à sa langue dense, tendue, d’une intensité folle. Proche d’une tragédie antique, imprégné de malédiction biblique, Absalon, Absalon ! raconte le destin de Thomas Sutpen, par l’intermédiaire de plusieurs voix qui énoncent, ressassent et recomposent le récit, participant de « la nature illogique et aberrante d’un rêve ». Ayant tout quitté, cet homme blanc pauvre s’installe dans une petite ville du Mississippi pour y bâtir un domaine pharaonique, Sutpen’s Hundred, mais échoue à fonder une lignée, sur fond d’inceste et de fratricide. Derrière la faillite d’une revanche sociale, c’est bien l’effondrement du Sud dont parle Faulkner, ce Sud quasi-mythologique qui se demande encore pourquoi Dieu a permis qu’il perde la guerre, et dont Édouard Glissant identifie l’absolue illégitimité, car né de la double faute originelle que sont le massacre des natifs et l’esclavage des Noirs. Une troupe d’acteurs et de musiciens – dont le petit-fils de Glissant – campe une galerie de fantômes déchus (bâtard dandy, jouvenceau effaré, vieille tante embastillée de la taille d’une poupée, associé braillard, Lolita boudeuse, chien sauvage, enfants, serpents...) et fait entendre le vertige envoûtant, enveloppant, de la phrase faulknérienne. Comme toujours chez Chavrier, le théâtre dialogue avec la littérature, la musique, la danse, l’image. Et, dans son urgence foisonnante, démasque la machine à rêver de l’Amérique comme machine à broyer.
« Son saturé, visions, impression de torpeur, comme celle qui enveloppe Quentin et Miss Coldfield dans leur petit bureau à l’orée du roman. D’après Faulkner, vu dans un miroir déformant, dans une foire grotesque, avec sa maison hantée, posée là sur la scène à côté d’un cheval à bascule, sa musique lancinante et hypnotique de train fantôme. » Libération
« La directrice de la Comédie de Genève transforme le chef-d'oeuvre de William Faulkner Absalon, Absalon ! en une transe hallucinée. On s'y perd, on s'y noie, porté par des images et des sons éblouissants et par le jeu généreux d'une troupe à coeur ouvert. » Les Echos
Place de l'Odéon 75006 Paris