Cette nuit

Paris 18e
du 10 mars au 5 avril 2008
1h40

Cette nuit

Le premier acte kamikaze de ce mouvement citoyen est envisagé pour cette nuit. Juste après il faut supprimer le traître Chatov. Sanglant parallèle avec Les Possédés de Dostoïevski situé dans l’actualité de notre monde.

L'histoire
Les Possédés de Dostoïevski
Les démons
Des Possédés à Cette nuit

  • L'histoire

De nos jours, dans une ville en Suisse, se réunit une petite communauté russe pour accueillir l’héritier de la richissime famille Stavroguine, Nicolas. Cette modeste et apparemment inoffensive communauté est traversée par une idée forte : que les Russes vont enfin trouver et affirmer leur mission au sein de l’Europe, au sein de la planète même, en fondant le mouvement des kamikazes orthodoxes, seuls selon eux à pouvoir tenir tête à leurs homologues musulmans qui rendent le monde occidental vulnérable.

Le porteur en chef de cette idée est Piotr Verkhovenski, ami et adorateur de Nicolas Stavroguine. Piotr prépare Nicolas à devenir chef de l’État russe. Le premier acte kamikaze est envisagé pour la nuit même, devant l’ambassade du Pakistan. Cette nuit retrace la mise en oeuvre de cette folie destructrice à l'issue désastreuse pour tous.

Création de Maria Zachenska, variations autour des Possédés de Dostoïevski. Par la Compagnie Parallèles. Distribution en alternance.

Haut de page

  • Les Possédés de Dostoïevski

Le 21 novembre 1869, Ivanov, étudiant agronome et membre d’une société secrète dite « Vengeance populaire » dont l’organisateur est Netchaev, est assassiné près de Moscou par ce Netchaev même, aidé de quatre étudiants, appartenant comme Ivanov à une cellule de la Société. Ivanov s’étant désolidarisé de sa cellule secrète, Netchaev a décidé de le supprimer. L’assassinant avec la complicité des quatre autres membres, il les compromettait et les liait à son propre destin. La police découvre le corps d’Ivanov dans le fond d’un étang proche de l’Académie et, tandis que Netchaev disparaît à l’étranger, ses disciples sont traduits en justice.

Dostoïevski, à ce moment même, vit à Dresde : malheureux, guéri de la roulette, mal guéri de la perte de sa petite Sonia, mécontent de l’Idiot, détestant l’Allemagne Tourgueniev et lui-même. Son seul contact avec la Russie naît de la lecture des journaux russes. Les journaux allemands, d’ailleurs, commentent, eux aussi, les actualités de la vie russe. Les uns et les autres lui apprennent le crime – qu’il aurait lui-même pu commettre il y a vingt ans, quand il acceptait de soulever le peuple et d’assassiner le tzar.

Il prend feu, saisit la plume. Il veut écrire un acte d’accusation. Autant contre sa propre jeunesse que contre Ivanov ; autant contre Netchaev que contre ceux qui jadis avaient entraîné à la révolte le jeune Dostoïevski. Il va clouer au pilori trente ans de la pensée sociale russe. Mais c’est moins simple qu’il ne le croit.

Le petit pamphlet gonfle sous ses mains, le scénario limpide du départ devient une chronique de monstrueuses machinations ramifiées à l’infini qui joue de la vie des gens. Le profit de la culpabilité, le suicide idéologique sans conviction, le débordement calculé de la violence défilent dans ce roman-fleuve gorgé de pourritures. Le livre devient mon Faust*, le livre de tout ce pour quoi j’ai vécu*, portant en exergue le poème de Pouchkine : les Démons, auquel il emprunte le titre.

* citations des carnets de Dostoïevski

Haut de page

  • Les démons

Les nuages fuient en foule,
Sous la lune qui s’enfuit
Les nuages fument et roulent,
Trouble ciel et trouble nuit.
Mon traîneau bondit et plonge,
Les grelots résonnent clair.
Que de leurres, que de songes
Dans la plaine qui se perd !
- Va toujours, cocher ! - Barine !
Choses vont de mal en pis,
La bourrasque m’enfarine
Mes deux yeux et mes esprits.
Ni lumière, ni demeure,
En aveugles nous errons !
C’est le diable qui nous leurre
Et nous fait tourner en rond.
Le vois-tu danser sur place ?
Maintenant - me crache sus !
Le vois-tu donner la chasse
Au cheval qui n’en peut plus ?
As-tu pu le méconnaître
Sous la forme d’un poteau ?
S’allumer et disparaître
- L’as-tu vu sur le coteau ?
Les nuages fuient en foule
Sous la lune qui s’enfuit
Les nuages fument et roulent,
Trouble ciel et trouble nuit.
Et voilà que tout s’arrête,
Les grelots reposent, morts.
- Qu’est-ce ? Un tronc ou une bête ?
- Lui toujours et lui encore !
Geint et grince la rafale,
Soufflent et ronflent les chevaux,
Le démon, au loin, détale -
C’est un loup aux yeux-flambeaux
Et la course recommence,
Les grelots en disent long.
Vois - dans les lointains immenses
Cette ronde de démons !
Des démons et des démones,
Se joignant, se disjoignant,
Papillonnent - tourbillonnent -
Folles feuilles sous le vent !
Quelle foule ! Quelle fuite !
Et pourquoi ces tristes chants ?
Un ancêtre qui vous quitte ?
Une belle qu’on vous prend ?
Les nuages fuient en foule
Sous la lune qui s’enfuit
Les nuages fument et roulent,
Trouble - ciel et trouble nuit.
Survolant la blanche plaine
Geignent, hurlent les malins,
De leurs plaintes surhumaines
Déchirant mon coeur humain.

Alexandre Pouchkine, 7 septembre 1830
Traduction de Marina Tsvetaieva

Haut de page

  • Des Possédés à Cette nuit

Il ne passe pas un jour sans que les médias nous rapportent quelque récit ou image d’un acte terroriste kamikaze – d’un attentat suicide. Sans prétendre apporter des réponses dans mon texte, j’essaie d’imaginer le fond philosophique individuel menant à une pareille action. Je n’ai pu m’empêcher de le discréditer ; le sacrifice d’une vie pour une idée, à l’heure actuelle, dans la société actuelle, m’est insoutenable.

Je pense bien sûr, avec frisson et admiration, à Jan Palach qui s’est immolé à Prague et dont la mort est devenue une légende très importante traversant les décennies du communisme comme le flambeau du refus de l’occupation et du désir de liberté. Mais du suicide de Jan Palach, j’ai retenu également sa seule parole qu’il a laissée, une fois transporté à l’hôpital, n’étant plus que douleur et cris : « Ne le faites pas », à l’adresse d’autres étudiants inscrits sur la liste de volontaires qui, chaque jour, devaient s’immoler jusqu’à ce que l’occupation soviétique cesse.

J’ai lu Les Possédés au moment de la chute du mur de Berlin, c’était également le temps fantastique de la révolution de velours en Tchécoslovaquie. En le lisant je comprenais pourquoi ce livre était quasiment interdit, c’est-à-dire introuvable à l’époque communiste. Mais je trouvais aussi que le roman était tout de même plus complexe que cela, il refusait bien sûr le totalitarisme mais parlait avant tout du chaos philosophique qu’amène toute rupture avec une société installée et acceptée depuis un certain temps. Il est au coeur de ce chaos et nous raconte l’espérance, la folie, la perte de repères et la fatigue qu’il engendre.

Je me sens en pleine folie, espérance, perte de repères et fatigue et je le ressens tout autour de moi. Les Possédés de Dostoïevski se sont imposés à moi et je les vois se dérouler aujourd’hui.

Je n’avais pas du tout envie de les monter en redingotes et jupes longues et de mettre dans le programme que « malgré que le monde ait changé c’est très actuel ». Ainsi, l’histoire racontée par Dostoïevski nous la vivrons ici en 2008, en Suisse, dans une petite communauté russe. Cette petite communauté, et spécialement russe, m’a permis de mettre en place l’idée nouvelle imaginaire qui gagne les coeurs. La Suisse, la Russie, terres énigmatiques de l’Europe. Et nous voici, libres dans l’histoire.

Maria Zachenska

L’écriture
Il y a beaucoup de blanc sur les pages du texte de Cette nuit. C’est parce qu’il est écrit en simulacre de vers : laissant une grande partie de la ligne vide. Il ne s’agit pas de vers de poésie. C’est une manière de suggérer un effort de passer à la ligne suivante (au bout de tout ce blanc du reste de la page) qui devrait signifier le « passer à autre chose » mais qui signifie le « passer à la même chose ». C’est, d’une part, un ressassement et, d’autre part, un combat pour la précision. Cette écriture signale une incertitude dans l’avancement de la pensée de quelqu’un qui parle, qui est en train de parler ; et c’est non seulement qu’il cherche ses mots, il cherche en parlant le sens de ce qu’il dit, le sens dont il n’est pas tout à fait sûr en entendant sa propre parole.

La nature
Elle est luxuriante au premier tableau : inondée de soleil estival et montagnard. La verdure d’août se fait clinquante dans une douce fraîcheur. A partir de là les choses dégringolent. Un brusque vieillissement frappe la nature et le temps fait une galipette infernale : en moins de 24 heures passe le mois de septembre, puis la triste pluie d’octobre et l’aube glaciale du mois de novembre. La nature est le personnage inavoué de la pièce. Elle fait ce qu’elle veut, avec une poigne de fer.

L’espace, les costumes
L’idée fondamentale de cette scénographie est la création du vide dédié à la présence physique du comédien et à sa parole et, à l’opposé, la création de petites touches de banalité matérielle sur le bord de ce vide. Ainsi la scénographie correspond à l’écriture, au texte de Cette nuit. Les changements des lieux d’action (le parc, la maison, la rue…) s’opèrent sans déranger le centre du plateau : les éléments de décors, sur la périphérie, sont à tour de rôles inclus dans le jeu et dans la lumière, ou occultés et plongés dans la pénombre. Cette capacité de l’espace de changer d’endroit « en un claquement de doigts » propose à la mise en scène une solution unique de fluidité, de sans-barrières et d’onirisme, tout en faisant exister des clins d’oeil à un certain réalisme. La possibilité aussi, non négligeable, de vraies pauses, sans le bourdonnement de la machinerie théâtrale, sans l’attente jusqu’à ce que quelque silhouette tâtonnant dans la pénombre déplace, plus ou moins élégamment, une table ou une chaise... Le sol évoque une surface d’eau : c’est le rappel du lac, élément refrain de l’histoire. Les costumes rendent compte de la « boucle du temps », ce rapide changement de saisons en moins de 24 heures de l’histoire. Ils ont aussi une fonction, on peut dire, sociologique : ils différencient les milieux. Mais, surtout, ils contiennent la dimension légendaire des personnages – archétypes venant du fond des âges et installés dans le monde contemporain.

Haut de page

Sélection d’avis du public

RE: Cette nuit Le 15 mars 2008 à 22h01

les comédiens sont excellents ils vous plairont, c'est original, précis, le propos est intéressant : à recommander !

Cette nuit Le 12 mars 2008 à 20h53

bon scénario, très bon jeu des comédiens, pièce de théatre sympathique

Vous avez vu ce spectacle ? Quel est votre avis ?

Note

Excellent

Très bon

Bon

Pas mal

Peut mieux faire

Ce champ est obligatoire
Ce champ est obligatoire

Vous pouvez consulter notre politique de modération

RE: Cette nuit Le 15 mars 2008 à 22h01

les comédiens sont excellents ils vous plairont, c'est original, précis, le propos est intéressant : à recommander !

Cette nuit Le 12 mars 2008 à 20h53

bon scénario, très bon jeu des comédiens, pièce de théatre sympathique

Informations pratiques

L'étoile du nord

16, rue Georgette Agutte 75018 Paris

Bar Montmartre
  • Métro : Porte de Saint-Ouen à 352 m
  • Tram : Porte de Saint-Ouen à 318 m
  • Bus : Firmin Gémier à 140 m, Vauvenargues à 167 m, Porte de Saint-Ouen à 304 m, Navier à 327 m, Damrémont - Championnet à 331 m, Angélique Compoint à 362 m
Calcul d'itinéraires avec Apple Plan et Google Maps

Plan d’accès

L'étoile du nord
16, rue Georgette Agutte 75018 Paris
Spectacle terminé depuis le samedi 5 avril 2008

Pourraient aussi vous intéresser

- 27%
Eva Rami - Va aimer !

Pépinière Théâtre

Exit

Ferme du Buisson

4211km

Studio Marigny

Si tu t'en vas

La Scala Paris

Spectacle terminé depuis le samedi 5 avril 2008