En s'emparant de Coriolan, ultime tragédie de Shakespeare, et l'une des plus méconnues, François Orsoni clôt une trilogie consacrée à la mise en place et la mise en scène du pouvoir... À partir de 16 ans.
À partir de 16 ans.
La Mort de Danton de Büchner (Théâtre de la Bastille, 2017) questionnait la manière de sortir de la violence politique. Monsieur le député de Leonardo Sciascia interrogeait les mécanismes de la corruption. Coriolan, dernière pièce de la trilogie consacrée par François Orsoni au pouvoir, porte en son cœur la question de la démocratie et celle des tentations tyranniques et démagogiques.
Écrite par Shakespeare en 1607, à la naissance de l’État moderne, et située dans la Rome de 488 avant Jésus-Christ, en train d’inventer ses institutions républicaines, elle tend un miroir d’une acuité redoutable à notre époque, où tout le monde, à défaut de s’accorder sur le remède, s’accorde sur le diagnostic d’une démocratie malade.
Coriolan est d’abord un héros militaire qui, parvenu en politique, n’arrive pas à composer avec les autres instances représentatives, qu’il s’agisse des patriciens ou du peuple : vainqueur de l’armée des voisins Volsques qui s’attaquent à Rome, il refuse ensuite de se soumettre au suffrage de la plèbe et se retourne contre la future cité impériale en s’alliant à ses anciens ennemis. Personnage éminemment ambigu, à la fois irascible et courageux, vertueux et tyrannique, pur et réactionnaire, Coriolan incarne la difficulté à partager le pouvoir.
François Orsoni a choisi de concentrer ce texte foisonnant et complexe autour de quelques figures centrales. Quatre acteurs et une actrice incarnent à eux seuls tous les rôles, dans une mise en scène frontale. Ici les personnages sont toujours à vue, sans échappatoire, et la manière de raconter directe. Sur un plateau qui évoque à la fois la Rome déchue et une boîte de nuit, inscrivant d’emblée la pièce au croisement de la politique et du spectacle, Coriolan, figure mythique et historique de la Rome archaïque, personnage shakespearien attaché comme Hamlet à l’infini pouvoir de sa mère, est aussi un homme public pris dans les feux de l’orgueil et de la gloire. François Orsoni fait ainsi de cette pièce de combat, de ce récit carnassier, une réflexion sur les arcanes profonds de tous les pouvoirs et, mettant en regard le spectacle et la politique, interroge la responsabilité de chacun.
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