Détail sur la marche arrière

Présentation  
L'histoire

• Présentation

Sophie Perez n'a jamais cessé depuis ses -jeunes- débuts de travailler autour des lieux et des textes hors norme : l'espace pour elle est un terrain de recherches infinies. Mais où est donc passée Esther Williams ? s'appuyait ainsi sur une authentique méthode pour apprendre à nager sans eau et le cadre d'une piscine. Rebelote pour Détail sur la marche arrière : un texte des années 20 de Léon Werth, Danse, danseurs, dancings sert de fil rouge à cette étude de mœurs décalées. " Au moment où la fête commence, les choses peuvent se compliquer et c'est là précisément que ce lieu de rencontre devient " dramaturgiquement " intéressant. Quelque chose d'intime nous échappe et nous rattrape " selon Sophie Perez. Et dans ce dancing imaginaire avec son mur de strass, chacun se dévoile enfin. C'est de cette boîte à musique, dont Xavier Boussiron signe la partition, que vont jaillir les " bonheurs " de Sophie.

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• L'histoire

Parachutée par hasard, avec un ami dans une propriété au fin fond de la Champagne, me voici dans une fête, assistant malgré moi, aux vingt ans du fils de la maison que nous ne connaissions absolument pas.

Sur une musique de mariage à en déprimer plus d'un (Big Bisou, la Macarena, Aline, etc…), des physiques atypiques réinventaient la danse dans un chaos festif - mélange subtil de bourrée rudimentaire et de danses de salon. Le spectaculaire et le minable se côtoyaient de manière obscène et jubilatoire. Ca déambulait. Ca hurlait. Ca se trémoussait.

Et je me disais que c'était étrangement marrant de voir l'animal transparaître sous l'humain.

Une soirée est investie des valeurs de la société et de ses angoisses existentielles. C'est un espace où cette société se donne en représentation à elle-même ; elle s'organise comme un spectacle dont les protagonistes sont alternativement acteurs et spectateurs.

Une soirée dansante est un moment suspendu qui renverse la notion de temps et d'espace, mais aussi la notion habituelle de relations puisque c'est essentiellement sur un mode corporel que l'échange peut s'établir.

Toujours est-il qu'au moment où la fête commence, le choses peuvent se compliquer et c'est là précisément que ce lieu de rencontre devient " dramaturgiquement " intéressant. Quelque chose d'intime nous échappe et nous rattrape. Sur un petit pas… Tout est à réinventer.

Qui ne s'est jamais retrouvé dans une soirée, coincé entre l'envie de participer et la crainte du ridicule ; assis en observateur, devant ce miroir déformant qui souligne sans pitié nos impostures ?
Ce soir, les festivités sont ouvertes, une chanteuse singulière nous accueille. Madame B ouvre les portes du dancing : têtes de mort en paillettes, bas résilles, santiags brodées, les femmes sont parées ; dans l'ombre les hommes attendent.
Sur un mur de strass se détache un homme orchestre. Madison décalé, twist larmoyant, samba expressionniste, les danses vont s'enchaîner. De conversations ébauchées en confidences ratées, la parole circule à l'insu des danseurs.
Au milieu de cette boîte à musique cauchemardesque, un ours polaire se promène. Il fume une cigarette apparemment indifférent à l'agitation qui l'entoure…

Le texte de Léon Werth Danse, danseurs, dancings, paru en 1920, accompagnera ce travail. Journaliste et essayiste du début du siècle, Léon Werth passait beaucoup de son temps dans les dancings. Plume alerte et subtile, il nous décrit l'exotisme et la quotidienneté des lieux obscurs où l'on se retrouve pour danser… Narration cruelle autour du corps social et son intimité finalement toujours dévoilée.

Sophie Perez

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