L'histoire
Electronic city - Falk Richter - Collectif MxM
Electronic city - Une romance du XIXème siècle
Electronic city - un synopsis
Electronic city - un dispositif
Electronic city - travail sonore
La presse
Une histoire d’amour est toujours aussi une histoire sociale, l’histoire du contexte dans lequel elle émerge. C’est dans cette tradition de la romance forcément politique, ou du moins sociologique, que s’inscrit Falk Richter avec son texte Electronic City. Tom est trader, Joy travaille pour une chaîne d’aéroport qui l’envoie d’un sushi-bar à l’autre aux quatre coins du monde. Ces personnages questionnent la possibilité même de l’histoire d’amour.
Il y analyse avec humour et acuité les chances de survie d'une relation amoureuse dans une société sur-moderne. Tom et Joy passent leur temps, de chambres d'hôtel en halls d'aéroport, de messages laissés sur des boîtes vocales en conversations téléphoniques écourtées, à tenter de se retrouver, de se croiser, au moins l'espace de quelques instants. Entre le monde intérieur de ces deux figures et la réalité électronique qui les entoure, tout pourrait être une séquence de film. L'univers de Falk Richter résonne donc très fortement avec le travail du collectif MxM, qui utilise les nouvelles technologies, en particulier la vidéo, pour mieux s'interroger sur la place de l'homme dans un environnement médiatique qui laisse peu d'espace de parole, de silence, dans la relation à l'autre.
Traduction française et dramaturgie : Anne Monfort
Musique originale : Nihil Bordures
Suite à la découverte de l’auteur Falk Richter, il m’est apparu vraiment essentiel de construire un processus de travail en plusieurs étapes en collaboration avec l’auteur et Anne Monfort, dramaturge et traductrice. Il s’agit d’expérimenter deux notions, celle de « réalisme » à travers le jeu des acteurs et des différentes utilisations que nous faisons de l’image et celle de « temporalité » en considérant l’image non pas tant dans sa fonction purement décorative mais comme un « espace-temps » autonome. Un espace qui préexiste à sa présence dans le cadre de l’image vidéo et où les corps passent, stationnent, se rencontrent...
Cyril Teste
Tout tourne autour d’une histoire d’amour, peut-être impossible, peut-être pas. Comment reprendre le temps en main dans un monde où le soleil laisse place aux lumières électriques ? Electronic city, le lieu de tous les possibles. Le non lieu du formatage social.
Electronic city, le lieu où l’on tente encore d’éprouver des sentiments réels envers l’autre.
Défiguration d’une génération formatée par l’image.
Ici l’image n’est pas dénoncée, elle permet juste de mettre en relief la greffe qui s’opère entre elle et l’humain (manipulations de l’image, elle est déjà digérée, dans le sang, elle fait partie de notre mode de fonctionnement intime...)
Comment faire un choix qui nous est propre alors qu’une grande partie de nos élans ne sont issus que d’idées, de slogans, de références cinématographiques.. ?
Quelle est la part de virginité dans les choix que nous essayons de faire chaque jour, à commencer par celle d’une histoire d’amour véritable, qui s’inscrit dans un temps que l’on choisit ensemble ?
De cette base nous nous sommes posés la question : et si le texte permettait au sens propre d’être un synopsis à défaut d’être un scénario ? Ce qui revient à travailler en grande partie sur une narration visuelle ; travail que nous réalisons depuis quelques années déjà, à la différence que ce texte permet de reconvoquer un récit sur le plateau (bien qu’il soit éclaté), mais également de définir des dispositifs vidéo-scéniques qui se construisent avant tout à travers une grammaire, un langage...
Ici la structure d’Electronic City est construite de telle sorte que le temps devient de plus en plus fragmenté, fabriqué, artificiel... C’est la raison pour laquelle nous désirons traduire ce texte dans une temporalité du plateau. Là où le monde défile trop vite pour nos yeux, nous essaierons de le traduire à travers une décomposition du temps, une lenteur...
Si l’on regarde dans ce texte le nombre de pages où les protagonistes parlent d’eux à la première personne du singulier, il n’en reste peut être que cinq, le reste nous permet de construire l’environnement de cette réalité fugitive, peut-être simplement pour mieux la voir venir, mieux l’appréhender, à défaut de la dénoncer.
Cyril Teste
Le dispositif d’Electronic City comportera 3 caméras vidéos dont chacune sera garante d’une valeur de plan (gros plan, plan américain, etc.), le plan large appartenant à l’espace théâtral. Le principe tend à montrer comment les individus, peu à peu, fabriquent, montent, coupent, accélèrent, ralentissent, effacent leurs relations entre eux.
Notre travail est de trouver un dispositif qui puisse capturer du hasard – et donc de pouvoir, en temps réel, le manipuler – et qui, de par son rapport au présent immédiat de la représentation, quelque part, se voudrait « organique ».
Cyril Teste
Les premières lectures d’Electronic City m’invitent à un radicalisme sonore. Dans ce monde d’une émergence humaine nouvelle, il m’apparaît important de m’attacher à ne révéler aucune source sonore, aucune identité, aucun code connu, pour renforcer ce manque de repères, socle incontournable de la pièce.
Les spectacles du Collectif MxM ont entre autres la spécificité d’un mixage d’une musique continue, même minimale, avec les voix des comédien(ne)s travaillées au micro sans fil. Plus que jamais ce travail pourra être poursuivi dans Electronic City.
Quant à la composition musicale même, elle n’arrivera qu’une fois le cadre sonore ainsi défini, elle devra résulter d’un travail de laboratoire, de synthèses diverses très abstraites. Plus que jamais, les combinaisons habituelles pour obtenir des harmonies devront être abandonnées. Il s’agira de trouver et d’analyser de nouvelles perspectives sonores, de nouveaux hasards…
Nihil Bordures
"Ce spectacle a été conçu bien avant la crise financière actuelle : la capacité d’analyse et d’anticipation des artistes devance parfois celle des politiques et des « experts ». Cette perte de sensation du réel est aussi au centre de la mise en scène de Cyril Teste, qui fait montre d’une pertinence et d’une intelligence rares dans l’utilisation de l’image." Fabienne Darges - Le Monde
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