Enter the ghost

• Contre la télévision

Ce texte de Pasolini est un article destiné à la presse, écrit en 1966 non publié au moment de sa rédaction. Il a été édité en France en 2003, aux Solitaires Intempestifs. Pasolini décrit et analyse les germes de la « révolution anthropologique » (l’entrée dans la société de consommation de masse) que nos sociétés ont traversée ces quarante dernières années, et dont la télévision apparaît comme l’un des instruments principaux.

Privée du texte Contre la télévision que les ayant droits de Pasolini lui ont refusé, la compagnie La Llevantina ne quitte pas pour autant la fureur pasolinienne : au contraire même, Marie-José Malis et ses comédiens font bloc autour de cette absence. Ils la détournent allègrement dans des scènes qui convoquent la satire, le burlesque ou la tragédie grecque pour donner corps à l’ombre de Pasolini, à la vigueur de sa parole et de sa pensée : où Derrida rencontre les Marx Brothers, où l’on peut se poser des questions ambitieuses (« qu’est-ce que le réel ? ») armés simplement d’une pelle et d’un rouleau à peinture. Un rituel joyeux qui convie acteurs et public à penser notre société. A la penser ensemble, ce qui, au contraire de la télévision, reste l’essence même du théâtre.

"« Il y a un mois que je suis malade, assez gravement, (...) et donc un mois que tous les soirs - ne pouvant pas lire - je regarde la télévision. C'est infiniment pire et plus dégradant que ce que la plus féroce imagination peut supposer » Pasolini. Ces mots, les spectateurs ne les entendront pas pour ne pas attirer les foudres de la SACD - et des héritiers de Pasolini, […] On ne les entendra pas et pourtant tout y est." René Solis, Libération

« [le spectacle] multiplie les points de vue : découpée la scène décourage tout regard frontal. Il s’y passe plusieurs choses simultanément… » Si Enter the ghost peut bien entendu être vu une seule fois, nous vous proposons en exergue cette autre citation de R.Solis pour vous inciter à « re-visiter » la pièce.

D’après Contre la télévision de Pier Paolo Pasolini.