Faim

Paris 6e
du 26 août au 25 septembre 2015
1h20

Faim

Dans cette adaptation du roman de<strong> Knut Hamsun</strong>, Prix Nobel de
Dans cette adaptation du roman de Knut Hamsun, Prix Nobel de littérature en 1920, Xavier Gallais épouse au plus près les mouvements inconscients, les élans nerveux et les souffrances physiques du héros. La langue de l’écrivain norvégien, tour à tour lyrique, imprécatoire, clinique ou férocement drôle, est rendue ici dans toute sa modernité fascinante.

Lecture mise en espace
Note d’intention d’Arthur Nauzyciel
Entretien avec Xavier Gallais
Extrait
La presse

  • Lecture mise en espace

Un homme erre dans les rues d’une grande ville. Pour vivre, il écrit parfois des articles qu’il vend à des journaux. Depuis quelque temps, il ne parvient plus à coucher une seule ligne sur le papier. Sans un sou, chassé de chez lui, il crève de faim. Pour échapper à la réalité sordide de son existence, il se réfugie dans ses pensées, tourneries en boucle sur l’existence, le langage, l’humanité, Dieu. Peuplant de fantasmes sa solitude farouche, il glisse dans une rêverie délirante où il apparaît insaisissable, énigmatique aux autres comme à lui-même.

Dans cette adaptation du roman de Knut Hamsun, Prix Nobel de littérature en 1920, Xavier Gallais épouse au plus près les mouvements inconscients, les élans nerveux et les souffrances physiques du héros. La langue de l’écrivain norvégien, tour à tour lyrique, imprécatoire, clinique ou férocement drôle, est rendue ici dans toute sa modernité fascinante.

D’après le roman de Knut Hamsun. Adaptation théâtrale de Florient Azoulay et Xavier Gallais d’après les traductions de Régis Boyer et Georges Sautreau.

La première édition en norvégien de Faim est parue en 1890. En français, le roman est publié dans une traduction d’Edmond Bayle en 1895 aux Éditions Albert Langen, puis traduit par Georges Sautreau en 1926 aux Éditions Rieder et enfin traduit par Régis Boyer en 1994 aux Editions Presse Universitaires de France.

Citations à propos de Faim
Paul Auster : « Je pense que cet ouvrage restera à jamais dans la littérature. Il ne sera jamais oublié. »
André Gide : « Ah ! Combien toute notre littérature paraît, auprès d’un tel livre, raisonnable. »
Octave Mirbeau : « Une œuvre unique, de premier ordre et qui passionne. »

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  • Note d’intention d’Arthur Nauzyciel

C’est d’abord par amitié que j’ai accepté d’aider Xavier Gallais à structurer et donner forme à son désir de faire entendre Faim. Etape par étape, je l’accompagne sur ce chemin qui d’Ordet de Kaj Munk, où il jouait Johannes le fou, à nos projets futurs, fait sens pour moi. D’une violente contemporanéité, ce texte donne chair et mots à ses êtres fantomatiques qui errent dans nos villes, ces affamés, ces âmes errantes au ban de nos sociétés, leur redonne la force du langage et de la pensée. Hamsun doit sa survie à la nécessité vitale en lui d’écrire et de décrire. C’est ce qui projette le texte hors du champ social pour en faire une parabole sur le désir et la création, l’irréductible part d’humanité qui subsiste en chacun, et un phénomène de pure littérature.

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  • Entretien avec Xavier Gallais

J'ai lu Faim de Knut Hamsun il y a six ans, par l'intermédiaire d'amis, et je me suis immédiatement dit que je devais en faire un monologue. Ce qui m'a frappé dans ce livre, plus encore que le personnage, c'est sa trajectoire, sa fuite. Il y a un mouvement qui m'a physiquement touché et que j'ai eu envie de retranscrire dans le jeu. C'était la première fois que j'éprouvais la force de peut-être monter seul en scène avec un texte, simplement par besoin de le faire entendre. Cependant j'appréhendais encore la nature du monologue : je ne souhaitais pas tomber dans le numéro d'acteur. Étant d'autre part attaché à ce qu'il y a de collectif sur un plateau, à l'échange avec mes partenaires et à ce que l’on puise chez l’autre pour renouveler incessamment le jeu à chaque représentation, je rejetais a priori cette forme.

Lorsque j'ai rencontré Arthur Nauzyciel sur Ordet de Kaj Munk, Faim m'est revenu en mémoire. Au-delà des liens évidents avec la Scandinavie, le froid, l'esprit du Nord, le déclencheur a été sa façon de diriger, les yeux rivés sur le texte, demandant à l'acteur de prendre le temps de faire naître en lui des images avant de dire les mots, obligeant ainsi à s'impliquer plus personnellement, hors de la technique. Tout en ayant une confiance absolue, je n'ai jamais été aussi peu sûr de moi et aussi peu conscient de ce que je donnais à voir. C'est cette fragilité, cette tension comparable, à mon sens, au vertige du personnage d'Hamsun, qui m'a encouragé à me lancer dans Faim. De plus, Arthur envisage un rapport au public qui me semble fondamental. Il n'y a pas de quatrième mur, la représentation s'apparente vraiment à une cérémonie, à un partage avec le public qui a une place primordiale. Comme le monologue m'intéresse dans le sens de la veillée, raconter une histoire à des gens, l'inventer avec eux, avec un minimum de moyens, Arthur m'apparaissait être celui qui pouvait m'accompagner dans une aventure où j'allais prendre des risques artistiques nouveaux pour moi, continuer à me remettre en question. Dans la volonté d'un théâtre pur, simple, il a poussé l'exercice jusqu'à la lecture, et nous nous acheminons vers une forme hybride, entre la lecture et l'incarnation.

À partir du moment où Arthur Nauzyciel et Frédéric Franck m'ont suivi dans ce projet s'est posée la question de l'adaptation théâtrale. La prendre en charge n'était pas une évidence, un postulat de départ. Je me suis d'ailleurs tout d'abord tourné vers Jean-Louis Barrault qui l'avait adapté et mis en scène en 1939. Mais il s'agit d’une adaptation pour un spectacle de troupe avec une cinquantaine de personnages pour une trentaine de comédiens que je ne pouvais pas utiliser, m'intéressant pour ma part à la solitude. Il fallait alors penser un nouvel objet scénique et j'ai demandé à Florient Azoulay, avec qui je collabore régulièrement depuis longtemps, de l'écrire avec moi. Notre compagnonnage nous permet d'ancrer l'écriture, en amont du plateau, dans le concret du jeu à venir. Le personnage se construit presque en même temps que le drame s'élabore, que le texte se réécrit.

Nous n'avons pas voulu gommer complètement la forme romanesque. Les frontières sont donc volontairement troubles entre l'acteur qui raconte et le personnage incarné, comme elles le sont dans le roman entre le narrateur et Hamsun qui a puisé dans son expérience personnelle les tourments de cet homme. Le comédien joue, d'une part Hamsun, prix Nobel, en train de raconter sa jeunesse et, d'autre part le personnage du roman, anonyme et sans le sou. Le public est face à un acteur qui témoigne, qui raconte sa vie, sauf que ce n'est pas la sienne...

Pour être au plus proche des enjeux de ce récit, je sentais, en tant qu'acteur, qu'il fallait d'une manière ou d'une autre aller puiser aux sources. J'ai voulu, à ma façon, rendre visite à Hamsun. Je suis parti en Norvège respirer, humer l'air, regarder la lumière. Je me suis rendu dans la maison où Hamsun a été élevé, celle où il est mort. J'ai flâné dans les petits ports de pêcheurs au bord des fjords, j'ai traversé ces paysages de légendes habités par les trolls, j'ai marché dans ces immenses forêts. Puis, comme le personnage, j'ai vagabondé dans Oslo. Je m'y suis perdu, et j'ai rêvé. Ce n'était pas par fétichisme ou pour je ne sais quel pèlerinage naïf, cela me paraissait déterminant...

Ce voyage m'a nourri et m'a convaincu que je devais arriver sur le plateau comme je suis, dans une mise à nu, un lâcher-prise, afin de témoigner le plus sincèrement possible de ma rencontre avec Hamsun, avec son univers. Cherchant à révéler, il n'est pas question, cette fois-ci, de m’effacer derrière la construction d'un personnage, comme j’adore le faire sur d’autres répertoires. Je veux ici simplement servir ce texte magnifique et engager un travail tenu, ténu, autour de l’importance de la parole au théâtre. C'est elle qui crée de l’image, qui suscite de l’imaginaire chez l’acteur et chez le spectateur, et qui permet qu'ils soient, ensemble, mis au « travail » par la langue forte et singulière d’Hamsun.

Il se trouve que le personnage de Faim s'inscrit dans une lignée d'autres qui me sont proches et que j'ai joués. Il me renvoie pour différentes raisons aussi bien à Cyrano qu'à Roberto Zucco, au SDF de Woody Allen dans Riverside Drive, à Johannes d'Ordet, au rêveur des Nuits blanches de Dostoïevski. Ce sont des destins de vagabonds solitaires, à la recherche d'une vérité qui les place en marge.

Ce qu’il nous a paru important de mettre en lumière dans ce personnage d'Hamsun, c'est le lien étrange entre la réalité et le rêve. Il nie la réalité et invente un monde nouveau à travers le langage, le fantasme... À plusieurs moments, il pourrait se soumettre à la société, être raisonnable, rentrer dans le moule, pourtant il ne cède pas, il ne mange pas, il se débarrasse de l'argent qu'on lui donne. Il veut vivre une expérience jusqu'au-boutiste de l'affirmation de soi. Il s'éprouve physiquement, psychologiquement, jusqu'à la folie, presque jusqu'au point de mourir. Mais attention, son besoin vital, sa faim de transmettre une vérité n'en fait pas un altruiste, il reste un farouche individualiste. Il se suffit à lui-même et ne veut pas tant éclairer le monde que se chercher lui-même à travers et contre ce monde.

Ce journaliste, qui va devenir écrivain, représente pour moi la figure de l'artiste face à la société. Hamsun donne la parole à des gens à qui l'on ne donne justement pas la parole. Le spectateur va venir voir un type en train de crever de faim, comme ceux qu'on croise dans la rue et dont on se détourne, qui nous dérangent, qui nous effraient. Le théâtre doit faire entendre ces poètes anonymes.

Xavier Gallais, novembre 2011, propos recueillis par Chantal Hurault

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  • Extrait

« Je travaille à un article dont je vous ai déjà parlé et dès qu’il sera terminé, vous aurez votre argent. Vous pouvez être tout à fait tranquille. »
« Oui, mais vous n’en finissez jamais avec votre article… »
« L’inspiration me rendra visite demain matin ou peut-être ce soir déjà. Il n’est absolument pas impossible qu’elle vienne brutalement cette nuit, et alors, mon article est terminé en un quart d’heure au maximum. Voyez-vous, il n’en va de mon travail comme de celui des autres gens. Je ne peux pas m’asseoir et produire une certaine quantité par jour, il faut seulement que j’attende le moment. Il n’y a personne qui puisse dire le jour et l’heure où l’esprit vient sur vous. Il faut que cela suive son cours. »
« Il n’entend pas ! Je dis que vous devez quitter cette maison ! Vous le savez maintenant ? Je crois que cet homme est fou, moi... Maintenant, foutez le camp sur le champ, et assez causé ! »
Je regardai vers la porte. J’avais une frayeur tout à fait hystérique de retourner dans la rue. Mais je me lève. Je tremble, je perds presque la tête, je me ramasse pour ainsi dire sur moi-même, farouche, sur le qui-vive, plein d’angoisse à propos de tout et surexcité par la faim.

Arrivé en bas de l’escalier, la fureur me prend tout à coup contre cette grosse femme ballonnée qui me suit sur les talons pour me faire filer vite, et je m’arrête un instant, la bouche pleine des pires insultes à lui décocher. J’envisageais la pire effusion de sang, une étreinte qui aurait pu l’étendre, morte, sur place, un coup de pied dans le ventre. J’arrache une des poches de mon manteau. Et je sors, très lentement. Dans la rue, je mâche ma poche sans la moindre intention, d’ailleurs, la mine sombre, les yeux regardant droit devant soi, sans voir. Les gens se heurtaient les uns aux autres dans le brouillard. Tous les sons, le tintement des cloches des églises, les clochettes des chevaux de fiacres, les voix humaines, le choc des fers sur le pavé, tout rendait un son craquelé, vibrant dans l’air épais qui se mettait en travers de tout et étouffait tout.

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  • La presse

« Une adaptation bouleversante [...], lue d’abord, puis peu à peu incarnée jusqu’à la désincarnation même, par le brûlant Xavier Gallais. On savait ce comédien rompu aux parcours quasi mystiques [...] aux cheminements extrêmes. Mais il apporte au personnage-frère du romancier Prix Nobel (1920) une puissance tragique, mêlée d’ironie, d’humilité et d’orgueil d’une absolue émotion. » Fabienne Pascaud, Télérama, 21 décembre 2011

« Xavier Gallais est un comédien remarquable. (…) Tout en nuances, passant d’un « état » à un autre avec une finesse magnifique, (…) il se fait encre de Knut Hamsun. Xavier Gallais a beaucoup de présence, une personnalité forte jusque dans les silences. (…) Il est sensible, intelligent, toujours juste et audacieux dans la rigueur. (…) Un très beau moment qui émeut, subjugue, fait réfléchir… » Armelle Héliot, blog

« (…) Le héros est incarné avec une vérité et une simplicité troublantes par Xavier Gallais (…) Entre la lecture et le jeu, une heure quinze saisissante qui nous rappelle la force universelle de cet auteur. » Figaroscope

« Seul en scène (...), Xavier Gallais fait entendre, dans une adaptation du roman phare de Knut Hamsun, la voix d’un homme “au temps où il errait, la faim au ventre, dans Kristiana”. Viscéral. » Fabienne Arvers, Les Inrocks

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Sélection d’avis du public

Un magnifique acteur Le 12 septembre 2015 à 09h16

Adapter Knut Hamsun pour la scène et le faire passer au public était un pari audacieux. Xavier Gallais, seul en scène, fait entendre la détresse absolue de l'artiste, sa singularité, son recours aux mots et son rapport au corps, sa solitude face à un dieu qui ne répond plus... Superbe!

isabelle C Par isabelleC - 8 septembre 2015 à 01h10

magnifique interprétation qui nous plonge dans une profonde émotion ; à ne pas rater !

Faim Le 7 septembre 2015 à 09h28

Tres belle interprétation, toute en retenu et subtilité. Un excellent moment de théâtre.

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Un magnifique acteur Le 12 septembre 2015 à 09h16

Adapter Knut Hamsun pour la scène et le faire passer au public était un pari audacieux. Xavier Gallais, seul en scène, fait entendre la détresse absolue de l'artiste, sa singularité, son recours aux mots et son rapport au corps, sa solitude face à un dieu qui ne répond plus... Superbe!

isabelle C Par isabelleC (37 avis) - 8 septembre 2015 à 01h10

magnifique interprétation qui nous plonge dans une profonde émotion ; à ne pas rater !

Faim Le 7 septembre 2015 à 09h28

Tres belle interprétation, toute en retenu et subtilité. Un excellent moment de théâtre.

Informations pratiques

Lucernaire

53, rue Notre Dame des Champs 75006 Paris

Bar Librairie/boutique Montparnasse Restaurant Salle climatisée
  • Métro : Notre-Dame des Champs à 166 m, Vavin à 234 m
  • Bus : Bréa - Notre-Dame-des-Champs à 41 m, Notre-Dame-des-Champs à 129 m, Guynemer - Vavin à 161 m, Vavin à 235 m, Rennes - Saint-Placide à 393 m
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Plan d’accès

Lucernaire
53, rue Notre Dame des Champs 75006 Paris
Spectacle terminé depuis le vendredi 25 septembre 2015

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