Guerra

Mont-Saint-Aignan (76)
le 12 avril 2001

Guerra

C’est de façon naturelle que Pippo Delbono a poursuivi son travail avec les mêmes personnes que celles de «Barboni» (spectacle précédent accueilli au Centre d’art et d’essai, le 26 avril dernier), mais aussi avec d’autres, rencontrées dans la rue, un peu perdues.

Anche tu devi danzare, danzare, danzare in questa guerra (Toi aussi tu dois danser, danser, danser dans cette guerre)

Une baraque foraine où cohabitent des gens issus du monde de l’« anormalité », de la folie ou du handicap - réunis dans le monde magique du théâtre. Guerra s’inspire de l’Odyssée. Les personnages, comme Ulysse, se perdent dans leur quête du centre de l’existence, ils se perdent entre l’amour et la peur : ce sont des êtres en guerre. 

Des diamants, rien ne pousse. De la boue, naissent des fleurs. (Bernardo Quaranta, dans «Barboni»)

C’est de façon naturelle que Pippo Delbono a poursuivi son travail avec les mêmes personnes que celles de «Barboni» (spectacle précédent accueilli au Centre d’art et d’essai, le 26 avril dernier), mais aussi avec d’autres, rencontrées dans la rue, un peu perdues.

Comme dans «Barboni», «Guerra» raconte plusieurs histoires, sans dialogues ni vrais personnages. Bob˜, Mister Puma, Armando, Nelson, Gianluca ne jouent pas des rôles. Dès le tout premier instant, nous savons qui ils sont. Un microcéphale sourd et muet. Un hyperactif incontrôlable. Un homme qui a perdu l’usage de ses jambes, qui ne l’a jamais eu. Un clochard arraché aux paillasses de carton sur les trottoirs. Un jeune homme clown.

Et pourtant, ils ne sont jamais icônes de leur condition, figures de la souffrance, signes d’un dessein élaboré ailleurs. Ils sont en scène pour faire ce qu’ils font, pour faire des actions, pour dire leurs mots. Ils ne sont pas là pour titiller notre fascination pour le bizarre et pour le monstrueux.

Chaque instant de leur présence sur scène est un acte de dignité triomphante. Et souvent d’ironie et d’autodérision. «Guerra» est le besoin urgent de représenter la vie, qui naît dans la marginalité, dans la maladie et dans la diversité. «Guerra» s’inspire de «L’Odyssée». Les personnages, comme Ulysse, se perdent dans la tentative de recherche du centre de l’existence : ils se perdent dans l’amour et la peur. Ce sont des êtres de guerre.

Parallèlement, Pippo Delbono lit des textes «sacrés». Ce sont les paroles de Bouddha, du sous-commandant Marcos, de Che Guevara, qui marquent un chemin conduisant au monde des saints, des révolutionnaires, des héros et des martyrs.

La compagnie

«Barboni» présenté le 26 avril dernier a suscité une émotion d’une intensité rare. Pour de nombreux spectateurs qui l’ont vu, il reste encore aujourd’hui marquant et présent. Ils nous l’ont fait savoir récemment en nous adressant quelques lignes pour vous donner envie de venir découvrir cette compagnie italienne.

Nous vous en livrons ci-après un extrait, ce qui est aussi une manière pour nous de dire combien ce spectacle «boudé» par la profession l’année dernière (jugé trop difficile et comme n’étant pas du théâtre...) fut pour nous un moment exceptionnel de rassemblement.

Les témoignages, les écrits que nous avons recueillis sur ce spectacle restent donc pour nous précieux, tant ils expriment l’avis des spectateurs sur la question ! Alors, savoir si «Guerra», tout comme «Barboni» c’est du théâtre ou pas, nous nous poserons la question après le spectacle, ou pas !

Nathalie Marteau

A propos de «Barboni»

«Dérangeant
Inmontrable ?
D’une cour des miracles, Pippo Delbono fait surgir la beauté et l’émotion
Envoûtant
Hystérique
Loufoque
Ces êtres différents, handicapés ou non, osent se montrer, montrer leur intériorité éblouissante et nous révèlent à nous-mêmes
Poignant
Marquant toujours sept mois plus tard»
Estelle, Hermance, Marie-France, Marie-Paule (spectatrices de Barboni)

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Informations pratiques

Scène nationale de Petit-Quevilly

rue Nicolas Poussin 76130 Mont-Saint-Aignan

Spectacle terminé depuis le jeudi 12 avril 2001

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