Les représentations des 4 et 5 janvier 2017 sont des avant-premières.
Vers 1907, sans crier gare, Feydeau change de manière. Depuis quinze ans, ses spectacles ne désemplissent pas. Son règne sur le boulevard est tout à fait incontesté. La critique même, tentée d’abord de faire la fine bouche devant ces œuvres d’un genre « mineur », a fini par rendre les armes. Personne n’agence avec autant de soin diabolique les intrigues les plus délirantes, où chaque détail s’explique par la cascade de conséquences catastrophiques qui finiront par en découler. Personne n’aligne comme lui les répliques les plus bouffonnes, mais en veillant toujours à les inscrire dans un mouvement dramatique qui en justifie le surgissement, car « le théâtre », comme il l’écrit lui-même en 1905, « avant tout, c’est le développement d’une action ». Et pourtant, à quarante-cinq ans, sans raison apparente, Feydeau remet son titre en jeu.
D’après une tradition familiale, tout s’est joué pendant une fin de semaine trop pluvieuse chez des amis. Feydeau a préféré garder la chambre, s’est fait apporter de quoi écrire, et aurait composé Feu la mère de madame en deux jours. Montée quelques mois plus tard, la comédie en un acte s’ajoute à la liste de ses succès. Il y a de quoi. L’horrible nuit de Lucien et d’Yvonne est une bombe comique inoubliable. Mais cette fois-ci, fini les enchaînements virtuoses, les rebondissements ouvertement absurdes. Place au gros plan. Le canevas paraît ne reposer sur presque rien. Il suffit à Feydeau d’un mari qui rentre un peu trop tard d’un bal costumé en Louis XIV, d’un valet un peu abruti qui frappe à la mauvaise porte pour annoncer une triste nouvelle. Le reste est affaire de verve (« Ah ! non ! tu ne vas pas vomir ! je ne t’ai pas épousé pour ça ! »), de peinture de caractères (acariâtres, égoïstes, minables, bien entendu) et d’invention, seconde après seconde, de détails qui s’accumulent jusqu’à l’explosion. Quelques mois plus tard, en septembre 1909, Feydeau quitte le domicile conjugal pour prendre ses appartements à l’hôtel Terminus, ce qui avait le mérite de la clarté.
C’est donc au Terminus que Feydeau achève son dernier cycle théâtral, visiblement inspiré par la crise de son couple : cinq variations en un acte sur la guerre éternelle qui sévit dans certaines intimités matrimoniales. On y croise, entre autres, des pots de chambre de toutes tailles, une épouse piquée sur la croupe par une guêpe, Georges Clemenceau (hors champ), un macaroni agressif et toutes sortes de maux d’estomac, dont « l’entérite relâchée »... Feydeau songea à les réunir lui-même sous un titre générique : Du mariage au divorce. La maladie ne le lui permit pas.
Georges Lavaudant a déjà brillamment prouvé son amour du vaudeville. Une première fois du côté de Labiche, avec Un Chapeau de paille d’Italie (TNP, 1993). Puis du côté de Feydeau, avec Un Fil à la patte (Odéon, 2001). Plutôt que présenter l’intégralité de ses dernières comédies, il en a tiré les éléments d’une traversée rapide de cet univers crépusculaire, mêlant à des extraits des pièces citées divers autres fragments, dont le début d’une comédie inachevée. On peut anticiper un grand numéro de cirque cauchemardesque : très provocateur, très spirituel, entre clownerie à la manière noire et haute voltige verbale. Une danse à couteaux tirés entre adversaires irréconciliables : homme contre femme, enfant contre parents, maîtres contre domestiques – tous contre tous et sauve qui peut.
Clarisse : En somme, toi, quoi ? tu es un étranger pour moi ! Tu es mon mari, mais c’est une convention ! Quand je t’ai épousé, – je ne sais pas pourquoi...
Ventroux, s’incline, puis : Merci.
Clarisse, sans s’interrompre. ... je ne te connaissais pas ; et, crac, du jour au lendemain, parce qu’il y avait un gros monsieur en ceinture tricolore devant qui on avait dit « oui », c’était admis ! tu me voyais toute nue. Eh ! ben, ça, c’est indécent.
Ventroux : Ah ! tu trouves !
Clarisse : Tandis que mon fils, quoi ? C’est ma chair ! C’est mon sang ! Eh ben !... que la chair de ma chair voie ma chair, il n’y rien d’inconvenant ! (Se levant.) À part les préjugés !
Ventroux : Mais c’est tout, les préjugés ! C’est tout !
Clarisse, passant devant lui, avec hauteur : Pour les esprits mesquins, oui ! Mais, Dieu merci ! je suis au-dessus de ça !
Des acteurs formidables, un décor et des enchaînements étonnants (à mon gout sans rapport avec la pièce, mais jolis et entraînants!)...mais bon décidément je ne comprends pas comment on peut encore jouer Feydeau à notre époque...le scato ne m'a jamais fait rire.
Nous avons passé un très bon moment, le jeu des acteurs est très enlevé! Je ne connaissais pas "Cent millions qui tombent" . C'est d'actualité!!! Il y a une pièce de Feydeau dont on ne parle jamais:" Champignol malgré lui". Peut-être une pièce à redécouvrir et une idée à donner au metteur en scène???
Je n'avais pas, a priori, une admiration sans borne pour Feydeau mais dois reconnaitre que, grâce à Lavaudant et aux comédiens (tous excellents), j'ai découvert l'auteur. Une soirée à vous faire revoir vos préjugés!
très sympa, un très bon moment !
Pour 10 Notes
Des acteurs formidables, un décor et des enchaînements étonnants (à mon gout sans rapport avec la pièce, mais jolis et entraînants!)...mais bon décidément je ne comprends pas comment on peut encore jouer Feydeau à notre époque...le scato ne m'a jamais fait rire.
Nous avons passé un très bon moment, le jeu des acteurs est très enlevé! Je ne connaissais pas "Cent millions qui tombent" . C'est d'actualité!!! Il y a une pièce de Feydeau dont on ne parle jamais:" Champignol malgré lui". Peut-être une pièce à redécouvrir et une idée à donner au metteur en scène???
Je n'avais pas, a priori, une admiration sans borne pour Feydeau mais dois reconnaitre que, grâce à Lavaudant et aux comédiens (tous excellents), j'ai découvert l'auteur. Une soirée à vous faire revoir vos préjugés!
très sympa, un très bon moment !
très drôle
Mise en scène remarquable,jeux d'acteurs impeccables,on apprécie l'intelligence du meli mélo de pièces traitant de la famille et des relations sociales toujours tellement actuels !on est séduit par la finesse du style qui souligne la profondeur du propos jamais vulgaire,Feydeau révisité...brillamment !
chapeau aux comediens mais nous ne sommes pas trop rentrés dans la pièce ; nous avons très peu ri, c'est dommage pour du Feydeau
Pas convainquant du tout. Ce qui compte dans Feydeau c'est le rythme. La réécriture à partir de plusieurs pièces était périlleux car Feydeau c'est réglé au millimètre. Le résultat est plutôt raté. J'ai ri deux fois. C'est vraiment pas suffisant. Chic certes. Les acteurs sont bien mais ne compensent pas le texte. Bref, le feu ne prend pas.
Nous ne sommes pas rentrés dans la pièce ... du coup les gens se marraient mais cela manquait de finesse au final selon nous... Déçu donc même si toujours chapeau aux comédiens !
Mise en scène chic pour un spectacle qui a le bon goût de se contenter d acteurs, de lumière et d intelligence! Du theatre, donc, et plutôt bon!
Place de l'Odéon 75006 Paris