M. Boucot, est-il possible de prendre votre vocabulaire sans vos opinions ? Elle fourche parfois, dérape. La langue cherche son chemin, vole dans les airs, devient parole, flux, mots débités. Elle travaille au corps et aux têtes, laboratoire suspendu, atelier volant.
Valère Novarina met en scène pour la première fois sa toute première pièce L'Atelier volant (écrite en 1971). Il fuit les conventions d’un théâtre régi par la représentation convenue de la figure humaine. Il opte pour le démontage des idéologies. Il inaugure un lieu d’accélération des particules du langage.
Ici, un trio patronal porté par Le Docteur. Des subalternes qui dansent pour obtenir le job. Mais l’acteur, l’espace et les mots restent les premiers sujets de L’Atelier volant. Novarina y dirige une troupe d’artistes aguerris à son langage : tout un petit orchestre de solistes extravagants.
Du Discours aux animaux à L'Opérette imaginaire, de La Chair de l’homme au Drame de la vie, le langage de Novarina donne à voir le verbe comme substance charnelle, souvent hilarante. C’est une matière ardente, sortie de la bouche des acteurs rois, maîtres absolus de son théâtre. Langues courantes, dialectes oubliés, mots réinventés, la parole prend la forme de comètes vivantes.
Peintre, Novarina capte les énergies de l’espace, les plaque au sol par ses traits et ses couleurs. Metteur en scène, il révèle les variations thermiques du lieu, les angles cachés, la matière et les arêtes. Entré au répertoire de la Comédie-Française avec L’Espace furieux, auteur récemment associé à l’Odéon, Novarina poursuit au Rond-Point sa recherche ludique d’un théâtre où le spectateur et l’acteur seraient agis par les mots, par la force hallucinogène, merveilleuse et salvatrice du langage.
« Olivier Martin-Salvan, en patron de choc drolatique, mène la danse de toute cette équipe tambour battant. » Télérama, Sylviane Bernard-Gresh
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