Le roman de Peter Weiss suit le parcours initiatique de 1937 à 1945, d’un jeune ouvrier allemand et communiste, qui rejoint la résistance antinazie, depuis Berlin jusqu'à son exil à Stockholm, en passant par les Brigades internationales en Espagne puis par Paris.
Sylvain Creuzevault examinait dans Edelweiss [France Fascisme], présenté la saison dernière à l’Odéon, le camp de la collaboration française pendant la Seconde Guerre mondiale. Réciproquement, L’Esthétique de la résistance s’intéresse à la résistance intérieure, allemande, au nazisme.
Paru en trois tomes de 1976 à 1982, le roman de Peter Weiss suit le parcours initiatique d’un jeune homme en pleine guerre anti-fasciste qui voyage de Berlin à Stockholm en passant par l’Espagne, et, au fil de ses rencontres avec toutes sortes de personnages historiques, dont Bertolt Brecht, se pose la question d’une possible unité communiste. Issu du milieu ouvrier, il se forme en parallèle – et c’est là toute la singularité et la force de l’œuvre de Weiss – à l’analyse des œuvres d’art, pour construire avec ses amis une généalogie de l’art résistant, libéré de toute injonction idéologique.
Créé en 2023 avec le Groupe 47 de l’École du Théâtre national de Strasbourg et des membres de la compagnie, ce spectacle est porté par dix-sept acteurs au jeu échevelé et dantesque. Il se nourrit de l’héritage des théâtres – documentaire, épique, de tréteaux, d’agit-prop, de la commedia dell’arte et du théâtre-récit –, c’est-à-dire de ce que Sylvain Creuzevault appelle « le théâtre des distances, qui présente le monde et les situations humaines comme modifiables ». En adaptant une œuvre où conditions sociales et formes de représentation sont les deux faces d’une même médaille, le metteur en scène questionne l’histoire européenne du point de vue de celle du communisme, et, en ces temps incertains, édifie « une arche contre le déluge ».
Place de l'Odéon 75006 Paris