Opéra chanté en allemand, surtitré en français.
Inspiré de L’Opéra des Gueux de John Gay (1728), l’ouvrage a été créé à l’été 1928 à Berlin. Fort de son succès à la scène, la pièce est portée à l’écran par le cinéaste allemand Pabst trois plus tard. Depuis, la popularité de L’Opéra de quat’sous ne s’est jamais démentie et la partition de Kurt Weill n’a cessé d’inspirer les plus grands noms du théâtre européen.
Depuis 2006, des liens forts unissent le Théâtre de la Ville et le Berliner Ensemble. L’Opéra de quat’sous mis en scène par Robert Wilson y a été joué en 2009 puis 2010. Ce fut un véritable choc théâtral où d’emblée on était impressionné par la couleur « berlinoise » de ce cabaret grinçant peuplé de personnages grimés à outrance à la façon de la peinture expressionniste allemande. Et pourtant, s’y dessinait aussi très clairement la « patte » de Bob Wilson, dans cette science de l’épure et des lumières dont il est un maître absolu. Un décor géométrique abstrait, des jeux de néons et un majestueux rideau rouge abolissent les frontières. Le plateau devient alors une véritable œuvre d’art d’une « inquiétante étrangeté ».
Chant, lumières, musique (assurée par une dizaine de musiciens dans la fosse) et sons divers (formidable travail sur les bruitages) dialoguent avec une véritable grâce et une incroyable limpidité dramatique. Un mélange onirique de cinéma muet, d’art expressionniste, de cirque, de music-hall et une musique où se côtoient jazz, chanson et opéra. L’ouvrage s’apparente à une satire de la bourgeoisie corrompue. Si elle trouve sa source originelle dans l’Angleterre victorienne, Bob Wilson transcende l’enjeu social par une peinture machiavélique et haute en couleurs. Le « Théâtre de la vie » est finalement le plus fort, semble-t-il nous dire. Un opéra diablement théâtral.
« Il est des spectacles dont on sait en les découvrant que l'on ne les oubliera jamais et qu'ils resteront pour jamais fichés dans les mémoires comme un séisme d'émotions et d'interrogations. » Armelle Héliot, Le Figaro, 16 septembre 2009
« Dans la droite ligne de Bertolt Brecht, il laisse entendre que l'homme ne change pas le monde, mais que le monde change. (...) en développant sur scène une esthétique politique qui grossit le trait de l'expressionnisme jusqu'à l'outrance. Cette outrance est fascinante. (...) Le metteur en scène bénéficie de l'atout de comédiens qui ont Brecht dans l'âme. Ils le servent avec une diction parfaite et un sens évident des " songs " de Weill. » Brigitte Salino, Le Monde, 16 septembre 2009
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