Cosima Wagner. Comment une femme se libère des hommes ? Que se passe-t-il quand elle touche au tabou de l’art et de l‘argent ? Pourquoi déteste-t-on les veuves d’artistes ? Je reconstitue l’histoire de la première femme à avoir considéré l’art comme un pouvoir d’émancipation de la condition féminine.
" Sur scène, il a cinq acteurs, un homme et quatre femmes. Dans un décor fantomatique, ils joueront la vie de Cosima, de la mort de Wagner à Venise à sa mort à elle en 1930. Le texte est écrit selon les règles de l'épopée, alternant la succession d'événements historiques et anecdotes privées. Ils seront tous narrateurs, selon des degrés différents, selon qu'ils seront immergés dans le flux de l'histoire ou qu'ils interrompront ce flux pour mieux éclairer certains épisodes dignes d'être retenus comme les retrouvailles de Cosima avec son père Franz Lizst. (...)
À bien des égards, L'INDESTRUCTIBLE MADAME RICHARD WAGNER est une folie. Non pas au sens d'une excentricité d'auteur et de metteur en scène, mais au sens où je pointe la violence politique qui mine l'art, s'il n'est pas lucide sur son engagement.
Qu'une femme comme Cosima ait existé et que cinq acteurs s'en saisissent dans un portrait pas toujours séduisant, fera réfléchir – j'espère – sur l'avenir de la culture européenne menacée aujourd'hui par les gouvernements d'extrêmes.
Je laisse à la discrétion de chaque spectateur la question de l'antisémitisme de cette oeuvre prodigieuse – bien qu'y apportant une réponse – mais si j'ai opté pour la figure de Kundry, c'est justement parce que Parsifal est le drame le plus contesté de Wagner sur un plan idéologique.
Le choix de la performance sur le jeu théâtral est aussi une réponse à cela. La parole doit pouvoir être entendu pour être jugée comme telle et ne pas dépendre dʼincarnations trop caractéristiques de personnages. "
Christophe Fiat
" Cosima Wagner est l'exemple même de la femme haïe en raison de son désir d'indépendance. En cela elle apparaît comme une figure originale de l'émancipation féminine. Mariée à Richard Wagner après avoir été sa maîtresse, elle passera sa vie de couple à rédiger un journal intime qui relate les faits et gestes de l'artiste. Ce journal rédigé pendant quatorze ans est une hagiographie qui témoigne de la vie créatrice du musicien et écrivain au quotidien.
À la mort de Richard Wagner, en 1883, elle interrompt son journal et décide de prendre la suite de son mari à la direction du Festival de Bayreuth. Elle aura beaucoup de difficulté à s'imposer dans ce monde d'homme. Elle sera considérée comme la veuve
égoïste et acariâtre dʼun génie ou comme une opportuniste plus soucieuse de pouvoir que de transmission des oeuvres.
La vérité est tout autre. Confrontée à l'irruption de l'industrie culturelle (déferlement des premières majors de disques et du cinéma hollywoodien aux USA) et aux nationalismes des pays européens, elle va faire de Bayreuth un « Washington DC de l'art » comme le souhaitait Wagner.
On la voit ainsi aux répétitions des opéras et aux mises en scènes, mais aussi à la communication de chaque édition du Festival. Elle apparaît ainsi très vite comme une star impassible dans ses robes noires, presque inaccessible. A sa mort en
1930, en pleine montée du nazisme, elle laisse derrière elle un héritage de « feu » dont sa petite fille, Friedelind fera l'expérience.
Cosima, fille de Franz Lizst et de Marie d'Agoult aura réussi son pari : faire de Bayreuth, chaque été, un événement mondial. "
Christophe Fiat
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