Lambeaux

Récit autobiographique dans lequel Charles Juliet évoque sa mère qu'il n'a pas connue et le rôle que, malgré cette absence, ou à cause de cette absence, elle a joué dans sa vie d'homme et dans sa formation d'écrivain. L'auteur devient son propre historien et nous livre un texte "pour finir encore".

Récit autobiographique
Note du metteur en scène
Note de la comédienne
Extraits
Note de l'auteur
Presse

  • Récit autobiographique

Lambeaux est un récit autobiographique dans lequel Charles Juliet évoque sa mère qu'il n'a pas connue et le rôle que, malgré cette absence, ou à cause de cette absence, elle a joué dans sa vie d'homme et dans sa formation d'écrivain.

Dans un second temps, il nous relate son parcours : la famille adoptive, l'enfance paysanne, l'école d'enfants de troupe, puis les premières tentatives d'écriture, lesquelles vont progressivement déboucher sur une toute autre aventure, celle de la quête de soi. Une descente aux enfers sera le prix à payer pour qu'un jour puisse éclore la joie grave et libératrice de la seconde naissance.

Dans cette démarche obstinée, il trouve la force de se mesurer à sa mémoire pour en arracher les moments les plus enfouis, les plus secrets, et les plus vifs. L'auteur devient son propre historien et nous livre un texte "pour finir encore". Anne de Boissy et Sylvie Mongin-Algan ont réalisé pour la scène un montage de l'histoire de la première mère.

  • Note du metteur en scène

…Te ressusciter. Te recréer. Te dire...

Aux origines du théâtre, il y eut, dit-on, des vivants autour d'une fosse, des spectateurs autour d'une scène, réunis pour évoquer, invoquer, convoquer Le Mort, pour l'arracher un instant à sa nuit éternelle.

À sa façon ténue, têtue, Lambeaux tisse le fil qui depuis toujours relie le théâtre et les morts. Le décor se dresse comme une sépulture aux couleurs de la nuit. La pierre tombale jette un pont entre La Morte et les vivants.

Tu es l'aînée et c'est toi qui t'occupes d'elles...

La voix fissure le silence, le visage irradie les ténèbres. Par la force du tutoiement, par la force du présent — ce temps éternel du théâtre — l'actrice peu à peu se glisse dans Celle qu'elle évoque, elle s'incorpore à Celle qu'elle invoque, elle est la voix narrative et la voix intérieure. Seule et double. Fragmentée par la lumière et démultipliée par les ombres. Tension aiguë d'une syrinx et répétition harassante des cuivres. La vivante devient celle qui fut. Dite. Récréée. Ressuscitée le temps d'une représentation, avant de retrouver les ténèbres, le silence, l'éternelle nuit des morts.

Un jour de juillet - tu viens d'avoir 38 ans - on constate ton décès. Tu es morte de faim.

Sylvie Mongin-Algan

  • Note de la comédienne

Jouer Lambeaux pour prêter mon jeu à ce « tu », cette mère jamais connue de son fils, cette femme qui s’est vue sa vie volée. Avec les mots de Charles Juliet, faire écho au murmure intérieur de cette femme qui ne s’arrête jamais, hantée à l’idée de « mourir sans avoir vécu ».

Creuser des silences, pour que résonnent les questions qui rythment inlassablement cette vie. Prêter mon corps à celle qui a soif de vivre et soif d’apprendre. Apprendre dans l’unique but de savoir parler, à celle qui rêve simplement de marcher. Marcher, aller toujours plus loin sans jamais s’arrêter.

Anne de Boissy

  •  Extraits

Tes yeux immenses. Ton regard doux et patient où brûle ce feu qui te consume. Où sans relâche la nuit meurtrit ta lumière. (...)

Dehors, la neige et la brume. Le cauchemar des hivers. De leur nuit interminable. La route impraticable, et fréquemment, tu songes à un départ, une vie autre, à l'infini des chemins. (...)

Tes mots noués dans ta gorge. À chaque printemps, cet appel, cet élan, ta force revenue. La route neuve qui brille. Ce point si souvent scruté où elle coupe l'horizon. Mais à quoi bon partir. Toute fuite est vaine et tu le sais. Les longues heures spacieuses, toujours trop courtes, où tu vas et viens en toi, attentive, anxieuse, fouaillée par les questions qui alimentent ton incessant soliloque. Nul pour t'écouter, te comprendre, t'accompagner. Partir, partir laisser tomber les chaînes, mais ce qui ronge, comment s'en défaire ? (...)

Te ressusciter. Te recréer. Te dire au fil des ans et des hivers avec cette lumière qui te portait, mais qui un jour, pour ton malheur et le mien, s'est déchirée.

Lambeaux Charles Juliet ( Lambeaux est paru aux éditions P.O.L.Paris, 1995 et Gallimard Paris, 1997, collection « Folio »)

  • Note de l'auteur

Mes deux mères étaient de ces anonymes qui ne peuvent confier à des mots leur être véritable. Sans doute étaient-elles capables de parler mais peut-être n'y avait-il personne pour les écouter. En écrivant Lambeaux, j'ai voulu tenter de les faire revivre un tant soit peu. Les faire revivre et les célébrer.

« Mes deux mères », entretien de Charles Juliet avec Yannick Haenel

  • Presse

Il est rare qu'une confession aussi intime puisse être lue sans gêne. Mais l'extrême pudeur, liée à la volonté de ne rien voiler ou transposer de Charles Juliet, et cette lente maturation affective que l'on devine avoir été la sienne, donne à son livre la fraîcheur désolée d'une parole longtemps impossible, recelée, enfin dite.

Le Monde

Sylvie Mongin-Algan propose une mise en scène où tout va, dans un lent crescendo, jusqu'à l'infernale douleur de la mère, ses cris et sa mort. Tout paraît calme au début : la lumière, le texte tendre, le décor presque invisible enrobé d'un clair-obscur qui, petit à petit, tombe dans l'obscur angoissant. Belle réalisation où l'univers intimiste et épuré sert de no man's land à l'errance de la mère, où le travail sur la lumière fait apparaître une femme presque sans contour. Sur scène, un fantôme prend corps. Anne de Boissy empoigne le texte avec une force et un talent saisissant. On s'engouffre avec elle. Ses failles sont les nôtres. Son jeu est hypnotique. Ce texte étonnant qui explore nos marges et triture nos blessures est montré là avec une grande humanité et une merveilleuse intelligence artistique.

Pascale Clavel, « Ma mère, mon fantôme », Tribune de Lyon

Lorsqu'il écrit Lambeaux en 1995, Charles Juliet lève un nouveau voile sur son passé . (…) De ce récit autobiographique, Sylvie Mongin-Algan n'a retenu que la première partie, sobre et palpable (…) .

La solitude, le besoin de l'autre, l'enfantement, la dépression jalonnent ces lambeaux de vie, livrés à vif, en images concrètes, parfois brutales, toujours poétiques. Pour éclairer ce jeu de miroirs, cette ambivalence du je et du tu, elle propose une lecture intimiste, dans un décor de maisons de poupées ( Céline Bertrand), éclairée avec parcimonie, concentrant le regard des spectateurs sur Anne de Boissy qui joue le rôle de cette mère aimée . (…)

Ciselant chaque mot, phrasant sans tomber dans le mélo, l'actrice déploie une large palette de sentiments où l'humour n'est pas absent. L'intelligence de la mise en scène et la qualité de l'interprétation donnent à ce spectacle une grâce et une légèreté qui adoucissent le propos de Charles Juliet. Une jolie réussite.

Antonio Mafra, « Le passé décomposé de Charles Juliet », Le Progrès

 Sylvie Mongin-Algan réussit une bouleversante mise en scène du livre de Charles Juliet. (…) Éclairée d'une lumière blanche et pauvre, Anne de Boissy est éblouissante. Elle nous happe, nous entraîne à sa suite dans une espèce de chute terrible. L'existence dont elle fait le récit peut en effet s'apparenter à un chemin de croix. Les rares joies de l'enfance, les exceptionnels éblouissements amoureux de la jeunesse et les bonheurs comptés de l'enfantement ne feront que souligner la tristesse de cette vie précisément recréée par l'écriture de Juliet. Née au mauvais moment au mauvais endroit, c'est ainsi que l'on pourrait résumer la destinée de cette fille de ferme. (…) C'est d'une noirceur inouïe, d'un désespoir absolu. On ne sort pas du spectacle indemne. Mais la force de l'interprétation, l'efficacité sobre de la mise en scène et la beauté de la langue de Juliet nous ragaillardissent. Et transforment notre tristesse en une admiration émue.

Nicolas Blondeau, « Une déchirante mise en lambeaux », Lyon Capitale

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L'Azimut - Théâtre F. Gémier / P. Devedjian

13, rue Maurice Labrousse 92160 Antony

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  • Bus : Théâtre - Mairie à 123 m, Gare d'Antony à 157 m, Antony RER à 206 m
  • Voiture : par la N20. Après la Croix de Berny suivre Antony centre puis le fléchage.
    15 min de la porte d’Orléans.
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Spectacle terminé depuis le jeudi 4 octobre 2007

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