« Je n’écoute de la musique que très rarement, toujours seul, avec un peu de méfiance pour ce qui va sortir de l’appareil. Des airs me fascinent, ils m’ensorcellent puisqu’ils provoquent des larmes ou des frissons sans raison. Je crois que la musique fait mal, et j’ai de plus en plus de mal à supporter son utilisation marchande.
Deux histoires de Sirènes (Ulysse et Boutès) me servent à interroger notre rapport au chant, et surtout à la musique. L’âme d’Ulysse est remplie par le désir d’écouter. Celle de Boutès par le désir d’approcher.
A travers ces deux histoires éclairées par les textes de Pascal Quignard, je veux raconter ma crainte de l’utilisation de la musique partout autour de nous, dans les rues marchandes, dans les centres-villes, dans les galeries, dans les grands magasins, dans les librairies, dans les banques, dans les piscines, sur le bord des plages, dans les appartements privés, dans les restaurants, les taxis, les métros, les aéroports, etc…
La musique est utilisée pour nous bercer, pour nous donner l’illusion que nous vivons dans un monde sympathique.
Où sont donc passées les Sirènes ? C’est aujourd’hui un mot qui désigne une sonnerie pour voitures de pompiers, d’ambulance ou de police municipale. »
Cédric Orain
16, rue Georgette Agutte 75018 Paris