Le suicidé

• Une comédie loufoque et mordante à la portée subversive étonnante

Tout part d’un fait ridicule, un léger déraillement du quotidien qui va transformer un homme en héros malgré lui. Sémione, chômeur de son état, réveille sa femme en pleine nuit parce qu’il est pris d’une subite envie de saucisson. S’ensuit une cascade d’évènements rocambolesques, portés par une impressionnante galerie de personnages : son épouse et sa belle-mère, le veuf joyeux et sa maîtresse, la romantique érotomane, l’intellectuel mégalomane, le marxiste, la petite vieille nécrophile. Pour aboutir à l’enterrement en grande pompe de cet être atypique, suicidé courageux dont diverses causes tentent de récupérer la disparition.

Créée au Festival d’Avignon 2011, cette comédie est le symbole d’un humour russe qui met en pièces par un rire ravageur le fonctionnement du système stalinien, et interroge les petits travers d’une humanité abîmée mais jamais résignée. La pièce, drôlissime, pose une question centrale, celle que pose Shakespeare dans Hamlet : « Être ou ne pas être ». Question métaphysique par excellence, du sens de la vie et de la valeur de l’existence humaine.

La force de la dérision se trouve dans le contraste entre ces questions essentielles et la réalité qui est racontée, celle de gens ordinaires qui font comme ils peuvent avec les moyens du bord, très éloignés des sublimes héros tragiques capables d’affronter la vie comme la mort sans sourciller.

La pièce déborde largement le contexte historique de l’Union soviétique, mais ce contexte est cependant loin d’être anodin car au lieu d’épargner le régime stalinien, Nicolaï Erdman en fait sa cible privilégiée pour le tourner en dérision. Suicide théâtral ? Sans doute, car cette pièce lui a valu d’avoir à choisir entre l’écriture et la vie. Le meilleur hommage que l’on puisse lui rendre, à titre posthume, est sans doute de rire à notre tour de cette pièce on ne peut plus vivante. Un rire étranglé de larmes et inversement.

Par la Compagnie Pipo.
Le suicidé de Nikolaï Erdman, dans sa version traduite par André Markowicz, est publié aux éditions Les Solitaires Intempestifs.

• La presse en parle

« On croit rêver. On rit de bon coeur. De fait, toute la pièce de Nicolaï Erdman est comme cela, faite de culot monstre, de naïvetés et d'horreurs comiques. (...) Une comédie noire qui s'appuie sur les notes colorées d'une musique volontiers burlesque. Infatigables dans la nuit, les acteurs vont et viennent, recommencent, virevoltent, courent, escaladent... et s'amusent. » L'Express

« Rire, émotion, surprise, finesse jusque dans le grossissement des traits propres à la comédie, tout cela y est, emporté par la générosité de Patrick Pineau, acteur puissant et libre autant que metteur en scène généreux. » Blog de L'Express, Laurence Liban

« Nicolaï Erdman use de l’art de la comédie avec subtilité et intelligence. Et Patrick Pineau le sert avec un plaisir jubilatoire. » Le Figaro

« Patrick Pineau signe là une mise en scène inventive, pleine de bruit et de fureur, où les acteurs se déchaînent en toute vigueur dans un ballet fougueux au milieu d’un décor ingénieux et plein de sens. » L’Humanité