Simon Labrosse, sans emploi, vous convie à assister à quelques tranches de sa vie.
Soutenu tant bien que mal par ses amis, Léo, un poète négatif, et Nathalie, obsédée par son développement personnel, il raconte ses multiples idées infaillibles pour « se réinsérer dans la vie active » comme il dit.
Tour à tour cascadeur émotif, finisseur de phrases, flatteur d'égo, allégeur de conscience, il tente de trouver sa place dans la société et se bat avec fébrilité et dérision contre le système qui l'étouffe, ce monde pourri sur lequel « il pleut des briques ».
Funambule des temps actuels, il se tient en équilibre constant entre le comique de son existence et le tragique de son immense solitude.
« Dans cette mise en scène drôle et grave que réussit Claude Viala, les personnages semblent droit sortis d'une bande dessinée. » Sylviane Bernard-Gresh, Télérama
« Voilà un théâtre d'une habilité et d'une efficacité redoutables. A grands coups de rire et d'empathie pour ses personnages, nous sommes invités à fendre le mur de l'indifférence. » Guy Flattot, Laure Adler /France Inter
« Crise de rire. La comédie moderne, c’est ça, sans nul doute. » Gilles Costaz, Politis
« Pourquoi mettre en scène Les 7 Jours de Simon Labrosse ? Simon Labrosse « actuellement sans emploi, travaille très fort pour s'en sortir ». Il rappelle par sa quête les personnages burlesques des débuts du parlant, toujours en butte à un monde hostile, qu'ils tentent vainement de déchiffrer. Ils prennent tous les coups sans jamais s'avouer vaincus. Plein de bonne volonté et animé des meilleures intentions, il pose sur le monde qui l'entoure un regard innocent qui agit comme un révélateur. Sous l'image positive d'une des plus riches civilisations, du moins en biens de consommation, surgit la négative : manque d'amour, brutalités, solitudes, pauvreté du langage et incapacité à formuler une pensée.
Malgré la lutte fébrile qu'il mène, « aidé » de ses compagnons aussi maladroits que lui pour reprendre pied, la réalité lui échappe sans cesse et les immenses efforts comiques qu’ils déploient pour contrôler ce quotidien qui dérape, laissent cependant apparaître le vide de ces existences angoissées. Vide que chacun tente de colmater de manière dérisoire. Le spectacle s’invente au fur et à mesure de son déroulement. Le temps de la pièce c’est le temps partagé avec le public, Simon et ses compagnons imaginent un spectacle en direct, tâtonnent, improvisent avec maladresse mais avec ferveur. Simon ne dispose que du temps de la représentation pour se mettre sur le marché, vanter ses mérites, faire preuve de son efficacité et, parfois, se brader.
L'espace de la pièce est un lieu de représentation mis à la disposition de Simon pour un temps limité. Cette contrainte va intensifier la tension entre la poésie des personnages et la rentabilité nécessaire de la « performance » de Simon et de ses acolytes. Les 7 jours de Simon Labrosse, c'est l'art du rebondissement permanent : à la virtuosité de l'écriture de Carole Fréchette, il fallait répondre par la virtuosité des acteurs. Ils passent d'un monde à l'autre, d'un espace à l'autre, d'un artifice de théâtre à l'autre ; (Léo et Nathalie jouent dans la vie de Simon une multiplicité de personnages). Des portants ou « vestiaires mobiles » couverts de vêtements colorés structurent l'espace. Ce sont des éléments simples et ludiques. Ils représentent tour à tour le rideau de scène, les murs, les cloisons, les buissons et les rayons d'un supermarché et esquissent, sans nous y enfermer, les lieux différents où se déroule la vie de Simon, Léo et Nathalie. Ils y puisent les éléments de costumes qui leur permettent de se transformer rapidement à vue. Chacun son tour les manipule et les met en place d'abord avec application et brio puis tandis que couve le désordre entre les interprètes, avec rage et négligence.
La musique composée par Sanseverino accompagne leurs mouvements multicolores et les sautes d'humeur de ceux qui les poussent. Jouée en direct par les trois acteurs au début de la pièce elle ouvre le spectacle, énergique et rageuse. Faut-il lui donner tort ou raison ? Impossible de le dire. A la toute fin, cependant, il se repose, sans s’avouer anéanti et on sait déjà, il nous le dit, qu’il recommencera, demain, avec un nouveau public. Est-ce une leçon de courage ? d’aveuglement ? L’espoir peut-il prendre une autre forme que celle d’un slogan publicitaire ? »
Claude Viala
94, rue du faubourg du temple 75011 Paris