En février 1905 à Moscou, un groupe de terroristes, appartenant au parti socialiste révolutionnaire, organise un attentat à la bombe contre le Grand Duc Serge, oncle du Tsar. Cet attentat et les circonstances singulières qui l’ont précédé et suivit font le sujet des Justes.
Si extraordinaire que puissent paraître, en effet, certaines des situations de cette pièce, elles sont pourtant historiques. Ceci ne veut pas dire, on le verra d’ailleurs, que Les Justes soit une pièce historique. Mais tous les personnages ont réellement existés et se sont conduits comme je le dis. J’ai seulement tâché à rendre vraisemblable ce qui était déjà vrai.
J’ai même gardé au héros des Justes, Kaliayev, le nom qu’il a réellement porté. Je ne l’ai pas fait par paresse d’imagination, mais par respect et admiration pour des hommes et des femmes qui, dans la plus impitoyable des tâches, n’ont pas pu guérir de leur cœur. On a fait des progrès depuis, il est vrai, et la haine qui pesait sur ces âmes exceptionnelles comme une intolérable souffrance est devenue un système confortable. Raison de plus pour évoquer ces grandes ombres, leur juste révolte, leur fraternité difficile, les efforts démesurés qu’elles firent pour se mettre en accord avec le meurtre - et pour dire ainsi où est notre fidélité.
Albert Camus
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