Louis Calaferte a écrit cette pièce, sèche et nerveuse comme une mauvaise viande, en 1975. Sous l’apparente banalité d’une orgie verbale à l’humour féroce, vacharde et visionnaire, elle est une remarquable machine théâtrale, une mécanique de précision qui taille dans notre condition de nantis comme on taillerait dans la bavette.
À la maison comme à l'école ou au bureau, petits et grands ne s'inquiètent que du prochain repas.
Quantité et qualité. Faut ce qui faut.
Seul le boucher, le consciencieux Monsieur Chevillard, semble se soucier d’un avenir plus frugal.
Toujours plus frugal. Une seule préoccupation : manger. Et plus que de manger : s’emplir.
Comme un vide. Remplir le vide.
Et si en remplissant un vide on en creusait un autre ? Pièce métaphysique Les Mandibules ?
Par la Compagnie des Insomniaques
LE BOUCHER, à une cliente : Si les gens n’avaient pas tant mangé et pas tant gaspillé à une certaine époque, on n’en serait sûrement
pas là, il y a longtemps que je me tue à le répéter ! (A une autre cliente) Demain l’autruche, madame, demain !
331, rue Francis de Pressensé 69100 Villeurbanne