Jakob Lenz réclamait pour sa génération un « espace pour agir ». Son théâtre et ses personnages impulsifs et exaltés, assaillis de passions aussi violentes qu’éphémères, génèrent une véritable critique sociale et politique.
Marie, la jeune femme des Soldats, semble filer le parfait amour avec un garçon de son rang. Mais son père la vend au prix de l’ascension sociale. Offerte aux jeux de soldats virils, elle devient victime des hommes.
Fascinée par les thèmes du pouvoir et du jeu des corps, Anne-Laure Liégeois revisite et traduit en images la force de cet univers lenzien qui s’épanouit dans la crudité du monde qu’il peint. Elle présente, dans le décor des Soldats, la nouvelle de Büchner relatant la chute de Lenz, l’exil, la trahison qui le mènent de la folie à la mort. En deux pièces, elle tisse le portrait d’un grand dramaturge oublié de ceux qui l’avaient hissé aux sommets de la gloire.
Deux sommets de la littérature allemande dans une même soirée de théâtre. Une plongée dans les passions et les errements de l’âme humaine.
Les Soldats raconte l’histoire de Marie, fille de commerçant qui aime Stolzius. Il vend du drap à Armentières. Tout semble organisé parfaitement pour que commerce et amour s’unissent dans un simple et prolifique mariage. Mais bientôt Marie chavire, elle abandonne l’amour du jeune drapier pour celui d’un capitaine qui après les promesses d’un autre monde et d’une évolution sociale, l’abandonne à son sort. Marie, désespérée, se soumet aux désirs et à la violence des autres hommes de la garnison. Dans Les Soldats deux mondes se font face, le monde des hommes et celui des femmes. Femme enfant, fille et maîtresse. Homme soldat, amant et parent. La fille aux mains du père, la fille aux mains de l’amant. Le monde des civils (dont le point d’attraction est la femme) et celui des militaires (composé exclusivement d’hommes) nous dit la metteure en scène qui a aussi traduit cette langue concise, nerveuse, presque crue. Une pièce poétique et politique écrite en 1775, incroyablement moderne.
Après ce récit, Anne-Laure Liégeois a choisi de jouer Lenz, la magnifique et puissante nouvelle de Büchner datant de 1835. Portrait de l’artiste, la nouvelle autobiographique est écrite à partir des notes médicales d’un pasteur. Elle décrit les tourments de ce génie littéraire en proie à la folie. Ce monologue tient lieu et place dans le « décor abandonné » après la représentation des Soldats. C’est une sorte de cadeau fait au spectateur. Pour mieux cerner Lenz, artiste incompris de ses contemporains, comme un écho à son texte qui dit la violence et la difficulté à vivre. Lenz qui succède aux Soldats unit aussi le destin de Lenz et de Büchner, écrivains libres et visionnaires, disparus trop jeunes. Des oeuvres rares mais essentielles.
>Troupe très dynamique au service d'un texte "modernisé", une deuxième partie consacrée au texte de Büchner, qui requiert une écoute attentive.
Pour 1 Notes
>Troupe très dynamique au service d'un texte "modernisé", une deuxième partie consacrée au texte de Büchner, qui requiert une écoute attentive.
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