Jess s’interroge sur le sens de la vie. Elle aime un homme, l’épouse. Elle rêve d’un monde meilleur, et d’un sac hors de prix. David, lui, se décourage de voir sa femme sombrer, se laisse humilier par sa chef d’entreprise, et rêve d’une voiture de sport. Il vit asservi par les illusions de l’ultralibéralisme. Entre des dettes d’argent et des questions vitales, il hésite, puis commet l’irrémédiable. En sept fragments, Jess et David traversent leur destin chahuté par les désillusions d’un temps en crise. L’Anglais Dennis Kelly compose un puzzle virtuose, dont les morceaux s’imbriquent en existences tragiques, hors d’un temps narratif. Les personnages se précipitent dans la consommation massive pour fuir les manques existentiels. Dans un rire vénéneux, Love and Money raconte le début de la fin d’êtres déshumanisés en machines à consommer et à jouir.
La metteuse en scène Blandine Savetier s’intéresse aux auteurs contemporains, Beckett, Bernhard, Mankell, Jean-Pierre Siméon ou Carole Fréchette, dont elle dirigeait au Rond-Point La Petite Pièce en haut de l’escalier en 2009. Elle s’empare d’une partition minutieuse à la langue ciselée. Poème fort, fauve, Love and Money raconte une quête d’humanité dans un monde de rats et de chiens. Tous cherchent malgré tout le sens de la vie dans une marchandisation outrancière, paysage désolé. Piqué d’un humour salutaire, Love and Money met en scène une mosaïque désastreuse d’êtres fissurés par le fric, égarés dans leur manque d’amour.
excellente piece
excellente piece
2 bis, avenue Franklin Roosevelt 75008 Paris